Le bilan est lourd et la presse parle déjà d'un mardi noir pour Conakry. Il y a eu au total cinq morts à Coyah et un à Dubréka, deux préfectures proches de Conakry où des manifestants ont protesté contre l'érection de barrages censés isoler la capitale à cause du coronavirus, a déclaré le porte-parole de la police, le commandant Mory Kaba. À Coyah, les manifestants ont saccagé le commissariat et la gendarmerie. Plus au nord-ouest, à Kamsar, près de la ville minière de Boké, une personne est morte quand « les gens ont manifesté contre les coupures de courant », a indiqué la même source. La victime est « morte par balle », a dit une source médicale citée ce mercredi matin. Le gouvernement a aussitôt averti que les responsables de ces troubles répondront de leur acte devant la loi. « Ce mardi, des groupes d'individus se sont livrés à des actes d'incivisme, causant des troubles sérieux à l'ordre public, pour protester d'une part contre le délestage du courant électrique dans certains quartiers de Kamsar et d'autre part contre les restrictions de déplacement entre Conakry et l'intérieur du pays. Dans l'un comme dans l'autre des deux cas, absolument rien ne justifiait, en ce mois saint de ramadan et dans le contexte médico-social d'une rare gravité que nous vivons, une telle montée de violences et d'intolérance », a déclaré le général Bouréma Condé, ministre de l'Administration du territoire et de la Décentralisation. « Des cas de morts et de blessés ont été enregistrés malheureusement aussi bien dans les rangs des manifestants que des forces de l'ordre », a poursuivi le ministre, réaffirmant qu'en tout état de cause toutes les personnes qui seront tenues pour responsables de ces troubles répondront de leur acte devant la loi ». À Coyah et Dubréka, des barrages de la police et de la gendarmerie ont été érigés pour empêcher de prendre le chemin de Conakry, alors que cette ville est un lieu de travail et de commerce de nombre d'habitants de ces deux préfectures. L'augmentation rapide des chiffres suscite l'inquiétude dans un pays pauvre d'environ 12 millions d'habitants durement éprouvé par Ebola entre fin 2013 et 2016. Des manifestants ont également affirmé être « lassés de se faire racketter et maltraiter » par les forces de l'ordre avant d'entrer et de sortir de Conakry, selon des témoins.