La solidarité sociale dans la société tunisienne, une donnée basique de notre histoire ancienne et contemporaine, continue, en ces jours de la fête de l'Aïd, à consolider la cohésion et à contribuer à la résilience que le pays a démontrée dans sa lutte contre le coronavirus. L'Aïd en ces temps de pandémie n'avait pas le gout d'antan. Les familles ne se sont pas rencontrées comme d'habitude, la ruée vers les moyens de transport n'a pas eu lieu à cause du confinement partiel, les fameuses louages rouge-blancs n'ont pas sillonnées les routes et les déplacements ont été fait au minima. Cependant, même dans ces conditions les tunisiens étaient franchement content de l'approche de la délivrance. Dans les limites du confinement « dirigé » nous avons fêté l'Aïd. Malgré les risques ont s'est jeté dans les bras les uns les autres et on s'est embrassé à qui en veut. C'est aussi ça les Tunisiens. Dopés un peu par les bons résultats de ces derniers jours, et aiguillonnés par presque deux mois de privations on y est allé ! « Essattar Allah » comme nous disons toujours. En réalité ce trait de caractère nous a beaucoup aidé depuis l'apparition de la pandémie. Ce n'est pas un hasard que d'après nos statistiques, les séniors tunisiens ont moins souffert que leurs homologues dans d'autres pays. On ne déplore presque pas de morts à cause du virus dans les établissements d'accueil de 3ème âge en Tunisie. Il faut dire que la majorité de nos séniors ne sont pas dans ces centres d'accueil mais bel et bien chez leur famille bien au chaud. Cette solidarité-là, non officielle, est basique dans nos comportements. Lâcher ses parents dans un centre d'accueil, quand on peut les héberger et prendre soin d'eux, est une « bassesse morale » que peu de Tunisien acceptent. Ce trait de caractère explique, en partie évidement, l'absence de manifestation de misère sociale liée au chômage comme il en existe dans beaucoup de pays « avancés ». Nos chômeurs bénéficient en général d'une « couverture sociale » non-officielle fournit par la famille, les proches, les amis qui contribuent beaucoup à adoucir les calvaires de la perte d'emploi. Chaque fois que les Tunisiens sont sollicités pour une action de solidarité ils ont répondu présent malgré les difficultés et le manque de moyens de la plupart. Ainsi en est-il de la dernière campagne pour lutter contre le coronavirus. Le fond « 1818 » a recueilli beaucoup d'argent souvent de « petites gens » comme on dit, qui contribuent, même avec un billet de 10 Dinars. Les exemples de ce genre d'action sont nombreux depuis l'indépendance du pays en 1956. En ces jours de l'Aïd 2020, Aïd marqué par le Coronavirus, l'atmosphère était certes un peu morose. Mais, à voir l'avalanche de congratulations sur les réseaux sociaux, on parle en Tunisie de Facebook évidement, on voit que l'Aïd, tout virtuel qu'il est, est bien là et que la cohésion sociale n'est pas du tout ébranlée par toutes les distanciations sociales ou physiques possibles et imaginables.