Le personnel soignant exerçant dans les établissements publics de santé a organisé dans rassemblements de protestation sur les lieux de travail dans le cadre d'une «journée de colère» décrétée en signe de protestation contre « l'ingratitude des autorités» envers les professionnels de la santé qui sont en première ligne dans la lutte contre la pandémie du Covid-19. «Non à la marginalisation du cadre paramédical», «le statut spécifique des professionnels de la santé est un droit et non pas une œuvre de charité », «Non à l'atteinte aux acquis de l'armée blanche », ont notamment scandé les protestataires à cette occasion. «Vu les circonstances exceptionnelles liés à la pandémie du coronavirus, le cadre médical et paramédical a préféré protester au niveau des hôpitaux et d'éviter d'organiser de grands rassemblements pour dénoncer le déni de droit et le manque de reconnaissance des efforts déployés par l'armée blanche par les autorités», a déclaré Othman Jalouli, secrétaire général de la Fédération générale de la santé rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). «Le mouvement de protestation est motivé par la politique gouvernementale visant à fragiliser les hôpitaux publics qui ont pourtant constitué un vraie soupape de sécurité et un bouclier infranchissable lors de la crise du coronavirus », a-t-il ajouté durant un rassemblement organisé devant le siège du ministère de la Santé à Bab Sâadoun. Le responsable syndical a également précisé que les protestataires réclament l'application de l'article 2 de la loi n° 83-112 du 12 décembre 1983 relative au nouveau statut général des personnels de la fonction publique, rappelant que le gouvernement refuse toujours de valider un projet de décret-loi visant à accorder un statut particulier au personnel soignant qui devrait permettre des mesures spécifiques en matière de recrutement, de rémunération et de motivation. Les protestataires revendiquent aussi l'activation de plusieurs accords antérieures signés entre le ministère de tutelle et la partie syndicale ainsi que l'obtention de nouvelles indemnités liées aux épidémies et au travail dans certains services à haut risques tels que ceux des urgences, de réanimation et des maladies infectieuses. La Fédération générale de la santé rejette par ailleurs la circulaire gouvernementale N°16 du 14 mai 2020 relative aux mesures d'austérité décidées par le gouvernement pour limiter les dépenses publiques en ces temps de crise économique consécutive à la pandémie du Covid-19. Elle estime que cette circulaire, qui prévoit notamment la rationalisation de la prime de rendement de manière à ce qu'elle ne dépasse pas une moyenne de 80% ainsi que le gel des recrutements et des promotions dans la fonction publique, représente une «trahison» pour les professionnels de la santé et un déni total de tous leurs efforts. «La circulaire N°16 du 14 mai 2020 tire un trait sur tous les accords antérieurs signés entre les syndicats et les parties administratives. C'est pourquoi nous la rejetons catégoriquement, exigeons la mise en œuvre tout ce qui a été convenu précédemment avec la Fédération», explique Othman Jallouli. Selon lui, le personnel de la Santé envisage d'organiser de nouvelles activités revendicatives au cas où une réunion prévue le 1er juin prochain entre les représentants du ministère et le Bureau exécutif de la Fédération générale de la santé n'aboutirait pas à un accord de nature à reconnaître le personnel soignant à sa juste valeur et à valoriser ses efforts.