Les cadres paramédicaux et les agents exerçant dans les établissements publics de santé ont entamé, hier, une grève de deux jours pour protester contre le mauvais état du secteur et la détérioration de leur situation morale et matérielle. Selon des sources syndicales, ce débrayage observé à l'appel de fédération nationale de la santé a été bien suivi. «Durant la première journée, le taux de participation à la grève a atteint 93% à l'échelle nationale, bien qu'un service minimum ait été assuré en ce qui concerne les soins urgents dans toutes les régions», souligne Othman Jallouli, secrétaire générale de la fédération syndicale rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Parallèlement à la grève, un rassemblement a été organisé devant le Palais du gouvernement à la Kasbah. Dans les autres régions, des rassemblements ont eu lieu devant les hôpitaux ainsi que devant les locaux des antennes régionales de l'UGTT. « Cette grève n'est que le début d'une série de protestations qui seront organisées dans les semaines à venir au cas où le ministère de la Santé publique continue à faire la sourde oreille face à nos revendications visant avant tout à sauver l'hôpital public», prévient M. Jallouli. La fédération nationale de la santé réclame essentiellement la mise à niveau du secteur de la santé publique à travers t l'amélioration des équipements et le renforcement des moyens financiers mis à la disposition des établissements publics. Elle demande aussi la rémunération du travail pendant les dimanches et les fêtes religieuses, la révision à la hausse des rémunérations du travail de nuit, l'octroi d'une indemnité de transport au personnel soignant, l'ouverture de perspectives d'avancement professionnel et la reconnaissance du caractère pénible du métier de cadre paramédical et d'agent de la santé publique. «Naguère fleuron du système de soins tunisien, l'hôpital public agonise et perd de plus en plus son rôle de référence en matière de formation et de soins», fulmine le secrétaire général de la Fédération nationale de la santé, citant notamment un manque déplorable d'équipements et de médicaments, une pénurie de médecins spécialistes dans les régions intérieures du pays et la dégradation des infrastructures. «Les divers maux dont souffre l'hôpital public ont contribué à la détérioration de la qualité de soins, ce qui a entraîné une multiplication des agressions physiques et verbales contre le personnel soignant de la part des citoyens», a-t-il ajouté. M. Jallouli note, par ailleurs, que le gouvernement semble encourager la privatisation du secteur de la santé comme en atteste l'inauguration récente de plusieurs cliniques privées par le ministre de la Santé publique. «Nous assistons à un démantèlement méthodique du secteur de la santé public», indique-t-il, expliquant que les protestations auxquelles compte recourir la fédération prochainement pour réhabiliter l'hôpital public serviront en premier lieu les intérêts des populations, et plus particulièrement ceux des couches sociales démunies et des classes moyennes.