L'optimisme est toujours de bon aloi, même dans les pires situations à condition qu'il provienne du fond du cœur. Aussi, beaucoup de Tunisiens ont été frappés par les dernières déclarations trop rassurantes des hauts responsables sanitaires du pays concernant la situation de la pandémie du nouveau coronavirus en Tunisie. Le ministre de la santé publique qui, il y a trois mois, l'avait jugée trop grave et versé des larmes en public à cause de l'insouciance des citoyens face au danger, a indiqué, mardi, avec un tout autre ton, que la Tunisie est désormais presque indemne du coronavirus. Le même jour, pourtant, une femme tunisienne venue d'Algérie a été testée positive à Nabeul, tandis que le relâchement général concernant l'observation des mesures de protection qui avait fait pleurer le ministre, a repris de plus belle et avec plus de force, suite à la tolérance administrative. L'évolution mondiale de la maladie n'a pas connu, non plus, de changements substantiels justifiant un optimisme béat. Comme partout ailleurs, ce sont les considérations économiques qui ont fini par prévaloir, ce qui est très légitime, d'ailleurs, mais tant en Tunisie qu'ailleurs, en Europe, entre autres, on élude de le reconnaitre et d'en parler ouvertement. Des médias européens ont consacré même des articles très positifs à la description de la reprise des activités économiques dans les restaurants, les hôtels et aux préparatifs pour la saison estivale, mettant en valeur les actions de décontamination que les restaurateurs et hôteliers ont entreprises pour rassurer les clients. Exemple de la complicité totale de l'administration en la matière, une municipalité côtière en France a pris le soin de désinfecter sa plage à l'eau oxygénée. Ambivalence Dans notre pays, et malgré l'interdiction des rassemblements sur les plages, une véritable ruée vers les cités balnéaires de la banlieue nord de Tunis avait été enregistrée, dimanche dernier, avec un chambardement total des règles exceptionnelles observées au niveau des moyens de transport en public, dans les trains du TGM, notamment. On continue toutefois, en Tunisie et ailleurs, à sommer sans cesse les gens à respecter les consignes de protection contre la contamination par le nouveau coronavirus de sorte que beaucoup de bons esprits commencent à se sentir dépassés par toute cette ambivalence ayant entouré, depuis le début, la pandémie de ce nouveau coronavirus. Un commentateur a noté que pourvu qu'on ne vienne pas, un jour, à regretter amèrement cette ambivalence qui avait fait tourner l'épidémie de grippe espagnole de 1918 en tragédie historique avec plus de 50 millions de morts en quelques mois, à cause de la précipitation humaine.