La 2ème étape du déconfinement ciblé ressemble à une véritable catastrophe, avec une ruée inégalable sur les boutiques de prêt-à-porter qui ont rouvert leurs portes pour l'occasion premier Boutiques et magasins situés à l'avenue Habib Bourguiba, dans la capitale, toujours fermée à la circulation, ont été assaillis par une clientèle essentiellement féminine en quête de nouveaux habits pour célébrer l'Aïd El Fitr. Alors que la Tunisie est encore en état d'alerte face à la menace du Coronavirus, des files interminables se sont formées devant les commerces sans le moindre respect des règles sanitaires de distanciation sociale recommandées par le ministère de la Santé, leur seul souci étant d'entrer dans ces magasins pour faire leurs emplettes. Cette forte affluence a généré même des bousculades, ce qui a contraint les forces de l'ordre à intervenir afin d'organiser la gestion des files d'attente et d'imposer le respect des distances de sécurité. Au bout de deux mois de confinement, certaines personnes éprouvent un désir flamboyant de braver l'interdit, de risquer la vie pour sortir d'un univers carcéral morbide et échapper, même momentanément, aux angoisses de la maladie. Une marche à pieds, un petit tour au jardin, un moment de contemplation au bord de la mer, sont tolérables et légitimes pour se rafraichir, alléger sa peine et renouveler son énergie mais l'image véhiculée le matin du lundi, sur les réseaux sociaux, est ahurissante : des gens qui font la queue devant les boutiques, sans prêter aucune attention à la distance à laisser entre les uns et les autres et sans porter des bavettes protectrices. Un cri d'alarme fut dès lors lancé pour conscientiser ces derniers sur l'irrationalité de leurs actes face à une course loin d'être urgente. Apparemment, les dernières déclarations rassurantes autour du virus, ont fait croire à ces personnes-là que le « Covid-19 » s'est évaporé ou pire encore que le maudit virus «n'a pas eu lieu». De telles attitudes et comportements provocants témoignent de l'insouciance de ces êtres, très indifférents face aux dangers qui menacent leurs vies, ne pensant qu'à se montrer beaux et élégants. Il est également étonnant de remettre en cause leurs lamentations et plaintes face à la crise économique : tout au long du confinement, ces derniers n'ont cessé de clamer que les prix sont élevés, de se considérer démunis, totalement dans le besoin. Or, ce que on voit là est certes authentique mais est aussi contradictoire : le caractère ostentatoire de certaines personnes fait qu'elles privilégient leurs apparences physiques, looks et styles sur tout autre chose. C'est ce qui génère l'inquiétude et amène à se demander : quand ces derniers arrivent-ils à prendre conscience des périls qui les entourent, indépendamment du virus, et à se contenter de ce qu'ils ont, dans une période délicate ? Se jeter dans l'eau pour frimer devant les autres est quand même un acte prétentieux et nuisible. On aurait peut-être accepté une telle image agaçante si ces derniers faisaient la queue devant une boulangerie, une pâtisserie, une librairie… Mais celle-là reflète, malheureusement, un état d'esprit qui ne se soucie que de la belle allure ! Réveillez-vous, vous risquez de regretter votre étourderie quand sonne l'heure ! Le président de l'Organisation de Défense des Consommateurs (ODC), Slim Saadallah, a exprimé son étonnement face à la foule observée devant ces magasins, en particulier devant les grandes enseignes étrangères. "Nous faisons face à un grand problème, au vu des longues files d'attente et du manque de respect de la distanciation", a-t-il dit, faisant part de ses craintes d'enregistrer de nouvelles contaminations par le Covid-19, malgré les résultats positifs réalisés jusqu'à présent. Il a également exprimé sa surprise de la décision du ministère du Commerce de ne pas ouvrir les grandes surfaces qu'à partir de jeudi 14 mai, soulignant que l'ouverture de ces espaces permettra de réduire la pression sur les boutiques du centre-ville. De leurs côtés, les magasins ont pris toutes les mesures de prévention nécessaires parmi lesquelles, le port obligatoire des bavettes aussi bien pour les vendeurs que pour les clients, le recours à une caméra thermique pour détecter la température et la désinfection des mains.