Lors d'un point de presse avant la CAN 2004, interrogé sur les raisons de l'éviction de Zied Jaziri, Lemerre répond : « Ce joueur est indigne d'être en sélection. Il refuse le drapeau national ». Propos graves. Je réagis : « M. Lemerre, vous n'avez ni le droit de faire un « procès national » à Jaziri, ni de remettre en cause son patriotisme. Vous n'êtes pas qualifié pour ! ». S'ensuivit une bonne prise de bec. Lemerre est un homme qui recule, pour peu qu'il soit véhémentement contré. Il n'empêche ! Ici, au Temps, nous appuyâmes la décision d'évincer Jaziri, sur la base de l'indiscipline tactique - et de l'indiscipline tout court - caractéristiques à ce joueur, trop choyé, trop sublimé à Sousse. Puis, Jaziri part jouer à l'étranger. Le bon samaritain Maâloul convainc Lemerre de le rappeler. Jaziri et Santos furent les pièces maîtresses de la CAN 2004. Jaziri se battit encore comme un lion à la CAN égyptienne, cette CAN que Lemerre a bradée. Il fut le meilleur au Mondial... Depuis quelque temps, et peut-être, parce qu'il joue au Koweït (croient les analystes), Lemerre a carrément « chassé » Jaziri des espaces de son temps. Sur le plateau de « Belmakchouf », la superbe mordante de Ben Gharbia et les interventions, objectivement passionnées, de nos autres confrères, mettaient face-à-face un Jaziri criant sa rage, furibond, exécrant Lemerre, tandis que Nabil Maâloul, pourtant un bon orateur, était dans ses retranchements. Maâloul ne voulait pas avoir d'opinion personnelle sur cette éviction, obligation de réserve, bien sûr ! Il ne se permettait pas d'avoir d'état d'âme. Mais, il n'était pas possible de savoir s'il était pour ou s'il était contre. Et, d'ailleurs, pour la première fois depuis la cohabitation avec Lemerre, il répond : « posez la question à Roger Lemerre ». Nous l'avons écrit, la semaine dernière : Jaziri est un homme difficile à gérer. Sur le terrain, c'est autre chose. Qu'il ait tiré à boulets rouges sur Zitouni et Santos, ce n'est pas à son honneur. Qu'il attaque Lemerre, c'est son droit. Jaziri est-il fini comme joueur ? Si c'est oui, eh bien, Lemerre a raison. Jaziri a-t-il encore sa place dans les 23 ? Si c'est oui, eh bien, il est encore temps que Lemerre rectifie le tir. Et là, nous sommes dans ce terrain sablonneux dans lequel nous entraîne le sélectionneur national. Se redécouvrant une vocation coubertienne, il affirme que nous participerons, (c'est le plus important, à ses yeux) à la CAN ! Jaziri dit qu'avec ces joueurs (et même sans lui), cette équipe peut remporter la CAN. Pourquoi Lemerre n'explique-t-il jamais rien ? Pourquoi traite-t-il dix millions de Tunisiens par dessus la jambe ? Comme l'a dit Fethi El Mouldi : « nous sommes un peuple hospitalier ». Le communautarisme en Tunisie avait pris racine avant même celui de Cordoue, de l'Andalousie et de Grenade. Mais, alors, pourquoi Lemerre croit-il que nous serions inertes face à l'hérésie de ses décisions ? Justement, parce que ses employeurs le laissent faire. En débarquant à la FTF, Tahar Sioud déclarait que Lemerre serait ramené sur terre. Le bonhomme plane encore plus. Car, dans sa tête c'est clair : la politique de la terre brûlée. Que faire ? Attendre que la situation pourrisse encore ? Nos sages responsables fédéraux optent pour cette solution. Après, ils demanderont des comptes à Lemerre, disent-ils ! Très logique. Car, juin prochain, ils demanderont des comptes à un fantôme.