Toujours actif, ambitieux, Ali Louati, dont seul le nom suffit pour nous plonger dans les arts et les lettres, a entrepris de collecter une grande partie de ses écrits sur l'art (qui sont en nombre considérable) dans un ouvrage pratique tant du point de vue dimensions que rédactionnel, édité chez Contrastes Editions. Un titre générique Artistes de Tunisie et d'ailleurs ; sous- titré Ecrits sur l'art contemporain 1983-2016, il a été édité en 2017, 230 pages, 34 chapitres et une introduction de l'auteur où il explique «...on peut lire ces textes comme une chronique d'événements, manifestations et faits artistiques, mis en perspective et qui présentent l'intérêt de rappeler des moments importants de l'art en Tunisie... » Signe des temps et choix délibéré ? La couverture du nouvel opus, jaune su fond bleu, montre une œuvre de l'artiste égyptien Hamed Abdallah, représentant un homme calligraphié, les bras levés, son physique est composé de lettres arabes signifiant Liberté, le tableau est daté de 1968, sous ses pieds un détail d'une œuvre de Belkhodja. L'ouvrage s'ouvre sur le chapitre Tendances lettristes et « néo-calligraphie » dans l'Art Arabe Contemporain » daté en 1983 et se clôt sur Tajrid (abstraction), en 2015 ; entre les deux, 32 chapitres traitent d'expositions personnelles, d'expositions de groupes, de monographies, de catalogues d'artistes arabes ou européen invités, de conférences articulées autour de thèmes généraux ou précis sur l'art dont celle, tenue à l'Unesco en 1983, qui traite de la « néo-calligraphie » dans l'art arabe et qui inaugure l'ouvrage. Où l'on découvre ou redécouvre avec une certaine curiosité et un intérêt certain des œuvres qui font surface, des écoles qui se disputaient une place sur la scène de la culture tunisienne, ô combien riche de l'époque. En feuilletant l'ouvrage, nous revient, avec une pointe de nostalgie et de regret, le bouillonnant état de l'art avant la disparition des galeries d'expositions et autres endroits de culture (notamment à Tunis) et des débats qui s'y déroulaient. Sous cet angle, l'auteur, très bien placé sur la scène, nous aurait instruit sur le système, le milieu dans lesquels l'art évoluait, à notre avis, l'occasion était à saisir ; dans l'ouvrage, il n'en souffle pas mot. Fatalement, on ne peut, ici reprendre tous les textes (comme souvent lyriques chez Louati), ni les œuvres reproduites. Ce volume reflète à merveille (délicieusement) l'époque examinée sous la loupe de Louati, lequel traite chaque sujet au gré de son inspiration. Et celle-ci se dévoile par moment ou par inclination opulente (10 pages d'admiration « méritée », en 1992, sur l'exposition « Alchimie » de Ben Zakour) ou maigre en d'autre moment (une page et cinq lignes, en 1998, sur Abderrazak Sahli). Les concepts évoluent, c'est évident, chaque époque se fait une idée de l'art, la notre, en Tunisie l'art conceptuel avec sa pertinence et son esbroufe est dynamique et fortement présent, on aurait souhaité en découvrir quelques aspects, le lecteur ne le rencontre nulle part dans l'ouvrage, pourquoi l'auteur l'a –t-il ignoré, lui, qui dit dans son introduction « Certains de ces textes prolongent et complètent mon livre L'aventure de l'art moderne en Tunisie...éd. Simpact)... ».