C'est une grande exposition dédiée à l'art abstrait, ou « Tajrid », comme bien nommée en arabe littéraire par ses organisateurs, soit l'Association Art Contemporain Tunisien ART'COT. Cette exposition se tient jusqu'au 8 décembre aux deux niveaux du Musée de la Ville de Tunis-Palais Kheïreddine. L'ART'COT a osé utiliser, en plus et pour la première fois, le terme « Tajrid » pour parler d'abstraction et pour faire plus original. Pourtant, on a toujours utilisé sous nos cieux et particulièrement dans le milieu artistique le terme « Abstrait » même dans le dialectal tunisien pour désigner une peinture abstraite. Nonobstant ce détail, l'exposition intitulée « abstraction 2016 » réunit pas moins de vingt-quatre artistes, toutes générations confondues. Ce rendez-vous pictural confronte les expériences et les visions artistiques de ces artistes plasticiens, maîtres d'art dans leur majorité. Dans son mot de présentation de l'exposition, Ali Louati, l'écrivain, le poète, le critique d'art et le plasticien, pour ne pas l'oublier, se pose la question de savoir si « l'abstraction peut-elle aujourd'hui se prévaloir encore du rôle libérateur qui fut le sien en Tunisie au tournant des années soixante du siècle dernier et saura-t-elle, comme il y a plus d'un demi siècle, donner un souffle nouveau à la pratique de l'art ? » L'auteur se montre optimiste quant aux résultats positifs auxquels cette exposition pourra aboutir. Il espère, en effet, qu' « elle relancera le débat autour d'une tendance...Le mérite de cette manifestation est de mettre en évidence une continuité, un lien entre les générations et d'attester la richesse d'une expression capable de reconquérir une meilleure place dans notre culture contemporaine. » Les artistes qui prennent part à cette exposition s'appellent : Najoua Abdelmaksoud, Sami Ben Ameur, Neïla Ben Ayed, Baker Ben Frej, Ismail Ben Fredj, Almounyr Ben Moussa, Habib Bida, Abdelwaheb Cherni, Rafik El Kamel, Raouf Gara, Hatem Gharbi, Adnane Haj Sassi, Mohamed Amine Hamouda, Kaouther Jellazi, Imed Jemaïl, Ilhem Larbi Zarrouk, Mongi Maâtoug, Souad Mahbouli, Samir Makhlouf, Asma Mnaouar, Abdellatif Romdhani, Leïla Sehili, Abdelhamid Thabouti et Walid Zouari. Réfléchir et imaginer Dans leurs œuvres respectives et qui sont majoritairement de grand format, les artistes peintres participants utilisent des techniques mixtes sur toile, de l'acrylique sur toile et de l'huile sur toile. Ils y insistent sur des détails du quotidien pour raconter à leur manière leur vision du monde. Ils ne le reconstruisent pas autant ils créent des scènes quotidiennes que l'on pourrait considérer comme des paysages ayant un rapport avec leur vécu. Ils donnent naissance également à des compositions éclatantes comme pour manifester leur liberté à créer, à narrer et à marquer leur refus d'une situation ou d'une autre. Mais parfois, cela tourne à une sorte d'exercice de style ou à des œuvres où les chemins sont labyrinthiques. Les mouvements s'affichent parfois en premier et la floraison des couleurs et des formes est une confrontation continuelle entre la lumière et l'ombre. Des travaux sont présentés en diptyque, d'autres sont spécifiés et d'autres encore ne portent pas de titre bien qu'ils donnent à réfléchir du premier coup et où le visiteur lambda pourrait leur imaginer un titre. Une belle exposition qui mérite le détour pour retrouver la peinture abstraite tunisienne dans tous ses états de création et d'imagination.