Six mois, après sa constitution, l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) donne l'impression d'être une arène où tous les coups-bas sont permis et où les blocs parlementaires se fusillent d'une manière atteignant, souvent, les limités de la bienséance et faisant-fi des règles de respect mutuel. Pire encore, des irresponsables qui se cachent derrière leur immunité se permettent toutes les extravagances et tous les dérapages, même vis-à-vis des médias, à qui ils doivent du respect pour le travail qu'ils accomplissent. Tout n'est pas clair, dans ce qui est en train de se manigancer à l'ARP et la présidente du parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, a récusé, hier, les accusations portées contre son bloc parlementaire de chercher sciemment à paralyser l'action du parlement. Selon elle, les tensions observées lors des séances plénières constituent une réaction à la mauvaise gestion des travaux et au parti-pris flagrant. Ce qui reflète le non-respect de la loi et une tentative d'abaisser l'institution parlementaire. Elle a, dans ce sens, estimé que «le report de l'examen ou l'annulation de plusieurs projets est motivé par des calculs politiques et sert les agendas des organisations qui dominent le paysage politique». La présidente du PDL a dénoncé l'ingérence d'»organisations étrangères» dans les travaux du parlement à travers leur présence aux plénières et aux travaux des commissions, la rédaction de rapports et la participation aux discussions sur les projets de loi soumis. Ce qui constitue, selon Abir Moussi, une atteinte à la souveraineté nationale. Moussi s'exprimait, en présence des membres de son bloc, au cours d'une conférence de presse, au Palais du Bardo, consacrée au bilan du premier semestre de l'action parlementaire. Elle a tenu à préciser que le bloc PDL est présent aux travaux des plénières à hauteur de 95 pc et soutient tout projet de loi servant l'intérêt du pays, et ce, quelle que soit la partie initiatrice. Moussi a accusé le bureau du parlement de dictature dans la prise de décisions, dénonçant l'exclusion du groupe PDL d'une représentation au parlement africain. Mais, selon elle, priver le groupe PDL de la présidence de la Commission des finances, un poste qui revient à l'opposition, a été, incontestablement, la plus grande injustice commise contre le parti, en plus de son exclusion du poste de rapporteur de la commission des droits et libertés ou encore de la vice-présidence de la même commission. La présidente du PDL affirme avoir déposé plusieurs plaintes dans ce sens au Tribunal Administratif. Elle a fait remarquer que le bureau de l'ARP accélère l'examen de certains projets de loi non urgents et présente des propositions lors de ses réunions sans les soumettre au vote. Sur le travail des commissions, Abir Moussi a mis l'accent sur «la mauvaise organisation» dans l'exploitation des espaces et salles qui abritent les travaux ainsi qu'au niveau du calendrier des activités des commissions qui, coïncident, parfois, avec les séances plénières. Abir Moussi a tenu à préciser, dans la foulée, que le taux de présence de son du groupe PDL aux travaux des commissions est de 71 pc. Concernant la gestion administrative et financière de l'ARP, Moussi estime que l'indépendance financière du parlement n'a pas encore été activée. Elle a indiqué dans ce sens que le bureau du parlement s'est réuni d'urgence jeudi pour l'adoption du budget de l'Assemblée sans même le soumettre au débat au niveau de la conférence des présidents des groupes parlementaires. Sur un autre plan, la présidente du PDL a dénoncé les avantages accordés au chef de cabinet du président du parlement Habib Khedher à titre d'émoluments réservés aux dirigeants du mouvement Ennahdha. Moussi a aussi pointé l'absence de caméras de surveillance dans les couloirs du parlement qui, a-t-elle regretté, reste facile d'accès, rappelant à cet égard les menaces dont elle fait l'objet.