p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"LE TEMPS - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 10px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Il faut en finir, et au plus vite. C'est même un moment historique pour la Tunisie, depuis son indépendance. Le vieux lion, Bourguiba, avait dû faire face, durant son règne, à des complots visant à renverser le régime. Il a eu, déjà, aux premières années de l'indépendance, à faire face au complot fomenté par les anciens maquisards (ses alliés lors de la lutte pour l'indépendance), sous la conduite de Lazhar Chraïti. Complot qui visait carrément son assassinat et dont il s'est sorti miraculeusement. Il y a eu aussi Gafsa, fomenté par les mercenaires tunisiens de Kadhafi. Il y a eu Janvier 78 -pas dans le sens d'un complot contre l'Etat- mais, tout de même des émeutes. Il y a eu la guerre du pain...A chaque fois, la réponse de Bourguiba fut impitoyable. Les verdicts de la Cour de sûreté de l'Etat ne l'étaient pas moins. Ben Ali, pour sa part, n'a eu qu'à faire face aux complots intégristes. Il faudra, néanmoins, bien lui reconnaitre, pour l'Histoire, que c'est bien lui qui avait sauvé Ghannouchi, Ellouze, les autres concepteurs de l'islamisme politique (nous n'utilisons pas le mot « terrorisme ») et autres exécutants, de l'échafaud que leur avait préparé Bourguiba. Après la déposition du vieux leader, Ben Ali a même reçu Ghannouchi à Carthage... Mais, très vite les choses se sont gâtées : Ben Ali a, en effet, refusé qu'il y ait un parti islamiste dans le pays. Et, depuis, face à la radicalisation des positions, il a vécu avec le « syndrome du complot » ; syndrome ayant induit une répression féroce contre les islamistes. Trop féroce même. Leur soif de vengeance contre leurs persécuteurs, après la révolution, leur mainmise sur les rouages de l'Etat, l'expliquent en partie. Mais sans le justifier. Car, en aucun cas, les fondamentaux de la révolution, ne sauraient justifier une quelconque nouvelle dictature. Et, surtout pas charaïque. Ça mène à Daech. Voilà donc, que Kaïs Saïed remet cette théorie de la conspiration et du complot au goût du jour. Quelque part, depuis Carthage et durant trois millénaires, la Tunisie a toujours vécu aux rythmes des déstabilisations. Et, dans chaque épisode, il y a toujours intelligence entre forces occultes de l'intérieur et forces étrangères. Toujours le même flou... Là, nous sommes au XXIème siècle. La Tunisie a été le berceau du Printemps arabe, comme elle avait été le berceau du syndicalisme. Elle a accompli quelque chose de simple, mais d'inimaginable : le renversement d'une dictature arabe, sans la substituer par les militaires. Un renversement civil, mais pas un coup d'Etat militaire. L'attachement de Kaïs Saïed à la pérennité de l'armée républicaine (sa peur aussi qu'elle ne se retrouve à devoir réagir d'une certaine manière contre les manifestants du Sud) et au sens tout aussi républicain de l'appareil sécuritaire, reflètent un souci tenant au sens de l'Etat civil, dont il est le garant. Mais qu'il fasse tout un périple, la nuit, entre la caserne des unités des forces spéciales à Menzel Jemil, et le ministère de l'intérieur, après avoir (durant la journée) menacé de tirer ses « missiles », l'amalgame est vite établi. Un « démocrate » tel Seifeddine Makhlouf (sic) lui a même réservé un pamphlet dont il a le secret. De surcroît, le Président sermonne Ghazi Chaouachi (ministre des domaines de l'Etat et donné comme candidat au poste de chef du gouvernement) quant à l'affaire de la Q5 d'Anouar Maârouf. Cela a déplu à l'appareil judiciaire. Communiqué du Parquet, contre-communiqué de la Présidence quant à ce dossier que Kaïs Saïed a dit qu'il est « introuvable » au tribunal de première instance de Tunis. Voilà donc, que Kaïs Saïed va dans les détails, affirmant même qu'il est parfaitement au courant de ce qui se trame dans les soirées nocturnes. Mais le problème avec lui reste entier : le flou, le vague, les clichés, le besoin de toujours rappeler que c'est lui le Président et que c'est lui le garant du respect de la Constitution et de l'application de la loi. S'il y a complot, qu'il enclenche la machine sécuritaire. Qu'il mette aussi l'appareil judiciaire devant ses responsabilités. Parce que, face aux complots, face au flou accompagnant l'indispensable vérité sur les assassinats de Belaïd et Brahmi, la célèbre Q5 du ministre n'est justement qu'un détail infime. La peur d'utiliser ses outils constitutionnels ? « La simplicité est la sophistication suprême », disait le grand Leonardo da Vinci. On ne peut pas dire que ce soit là (la simplicité) le trait dominant d'un Président qui plane souvent, faisant planer le peuple avec lui, mais qui ne redescend sur terre que pour « dénoncer » des complots, que pour adresser de vagues avertissements. Au point que, ses adversaires, jugent ces « missiles » comme étant de simples pétards mouillés. Or, ces « missiles », justement, représentent autant de dispositions constitutionnelles. Dans ce contexte chaotique au sein de l'Assemblée du Peuple (euphémisme), le Président a toute latitude de dissoudre ce Parlement transformé en gouvernement parallèle par Rached Ghannouchi. C'est là la doléance du principal, sinon, du seul allié du Président : l'UGTT. Mais Kaïs Saïed est, lui-même, taraudé par les incertitudes, la peur, là aussi, que cela n'exerce un effet boomerang. Il est même tenté, selon des sources fiables, par une option radicale : le recours à l'article 80 de la Constitution, inhérent au « péril imminent ». C'est-à-dire, installer pour un mois « l'Etat d'exception ». Et ce serait logique : dès lors qu'il dénonce des complots de l'intérieur et de l'extérieur, et si cela s'avère vrai et vérifié, c'est qu'il y a un « péril imminent ». Sauf qu'il faut consulter la Cour constitutionnelle. Et cette Cour, précisément, n'existe pas. Et, de surcroît, il ne pourra dissoudre l'Assemblée qui, elle, sera tenue dans un tel contexte en session permanente. En fait, si le Président choisit ce moment précis pour monter au créneau, c'est qu'il a lui-même peur de se tromper encore une fois. Il a peur de refaire le mauvais choix dans la désignation du futur Chef du gouvernement. Parce que le choix porté sur Fakhfakh, c'est lui seul (le Président) qui en assume la responsabilité. En plus, le procédé utilisé pour appeler les partis à lui faire parvenir leurs candidats est, pour le moins, assez atypique dans ce genre de situations qui engagent l'avenir immédiat d'un pays paralysé. Correspondre par écrit, enlève toute sa substance à l'exercice de la politique. Le Président est, de toute évidence, face à un dilemme. Et, alors, il se fait parfois mystique, ascétique-et il l'a dit à Ghazi Chaouachi. Il s'identifie en le Calife Omar dont il paraît fortement fasciné. Il est dans l'élévation verticale. Quatorze siècles après, les mythes n'ont pas de solutions à proposer, au-delà de leur intégrité et de leur fermeté dans la gouvernance saine, à un pays gangréné jusqu'à l'os par la ploutocratie, la partitocratie et par la corruption. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 10px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"