Des milliers de personnes sont descendues hier dans les rues de Minsk et d'autres villes de Biélorussie après la mort d'un manifestant, victime de violences policières selon les opposants au président Alexandre Loukachenko. Des témoins ont rapporté que Roman Bondarenko, qui était âgé de 31 ans, a été arrêté après des échauffourées avec des hommes en civil qui tentaient d'arracher des rubans aux couleurs du mouvement d'opposition contre Loukachenko. Hospitalisé, il a succombé à ses blessures. Le ministère de l'Intérieur a démenti toute responsabilité dans sa mort, ajoutant qu'elle était la conséquence d'une bagarre avec des civils. La commission d'enquête, organisme d'Etat, a prétendu que la victime était ivre, un constat réfuté par des médias locaux qui s'appuient sur son autopsie. L'Union européenne a qualifié son décès de «résultat choquant et honteux des actes des autorités de Biélorussie» qui «ont dirigé directement et violemment une répression contre leur propre peuple». L'UE, qui a d'ores et déjà inscrit sur liste noire plusieurs responsables biélorusses, ajoute qu'elle pourrait être amenée à prendre des sanctions supplémentaires. A Genève, Rupert Colville, porte-parole des Nations unies pour les droits de l'homme, a réclamé une «enquête complète, transparente et indépendante» sur les circonstances de ce décès. L'opposante Svetlana Tsikhanouskaïa, exilée en Lituanie, a qualifié Roman Bondarenko de «héros de la nation». Au pouvoir depuis 1994, Alexandre Loukachenko fait face à un mouvement inédit de contestation depuis que l'opposition, dénonçant des fraudes massives, a rejeté l'annonce de sa réélection, le 9 août dernier. Des vidéos diffusées hier par des médias biélorusses montrent des personnes rassemblées le long de routes, à proximité d'universités, d'usines ou d'hôpitaux et brandissant des drapeaux aux couleurs rouge et blanche de la contestation et des portraits de Bondarenko. «Nous n'oublierons pas, nous ne pardonnerons pas», ont scandé des centaines de manifestants filmés sur les lieux où Roman Bondarenko, disent-ils, a été arrêté par les forces de sécurité. Des chaînes humaines se sont également formées dans la capitale. «Il est impossible de tolérer ce qu'ils ont fait. Ici, tout le monde pleure», a témoigné un participant.