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Si seulement chacun « balayait devant chez soi » ! Ville : Action municipale, propreté, défaut de paiement de redevances, sens de la citoyenneté qui s'effrite
* Ediles municipaux et citoyens se rejettent la responsabilité de nos cités sales. « Les villes sont sales et les citoyens se comportent comme si l'extérieur est une poubelle publique ». Ce constat, d'un journaliste étranger ayant passé six mois en Tunisie, est très objectif. En effet, il ne s'agit pas de se dérober à la triste réalité qui indique en bande large une carence nuancée en civisme d'une bonne partie de la population. L'action municipale n'est que le reflet du degré de civisme des citoyens qui peuplent les espaces municipaux avoisinants. La municipalité puise essentiellement ses fonds dans les impôts municipaux. Ces ressources lui permettent de réaliser ses programmes de propreté et d'embellissement. Donc, si les citoyens n'honorent pas leurs engagements, tout le cycle de l'action municipale est déréglé, faute de fonds. Ce blâme adressé à une certaine catégorie de citoyens n'absout pas les conseils municipaux censés multiplier les campagnes de sensibilisation et les actions d'émancipation pour convaincre les citoyens du sérieux de leurs initiatives. D'ailleurs, l'expérience a montré que seuls la pratique courante et le constat visuel aident à transformer les mentalités et à développer le sens civique. Il suffit, d'ailleurs, de jeter un coup d'œil sur les parkings des services de travaux de chaque municipalité ainsi que sur les listes des procès verbaux adressés aux citoyens habitant le périmètre municipal pour se rendre à l'évidence et souscrire à la triste réalité.
Le constat Divers tableaux et chiffres explicitent clairement la situation de l'action municipale : Le premier tableau propose des mégots de cigarettes, des bouteilles vides, des pots de yaourt et autres sacs en plastique, qui jonchent, partout, les trottoirs et les chaussées. Un deuxième tableau indique comment les tracteurs assimilés à des bennes d'ordures assurent le ramassage des déchets en laissant une bonne partie sur place et en « signalant » leur parcours par divers objets qui chutent des engins tout le long du parcours. Un autre plan nous offre un sac-poubelle bien garni qui plane d'une fenêtre d'un immeuble et s'effrite sur le toit d'une voiture en stationnement. Ces trois scènes font désormais partie intégrante du vécu quotidien et renseignent sur l'état de la situation. Sur un autre niveau, les statistiques montrent que plus de 45 % des engins des municipalités sont immobilisés pour des pannes diverses. D'ailleurs, les municipalités n'ont pas de moyens pour faire les réparations nécessaires. Plus de 80 % du budget municipal est consacré au paiement de son personnel. En plus, moins de 30 % des citoyens sont assidus dans le paiement des taxes municipales. D'ailleurs, même l'amnistie accordée en 2006 n'a pas eu un large écho, semble-t-il. Sur les centaines de millions de dinars d'arriérés (certains parlent de plus d'un milliard de dinars !), les recettes provenant de l'amnistie n'ont pas dépassé quarante millions de dinars. L'amnistie n'est parvenue à éponger que moins du cinquième des dettes chez les citoyens. Donc, il paraît que la rupture continue à sévir entre l'action municipale et les citoyens qui sont censés être ses acteurs parmi ses pourvoyeurs.
Les alibis des uns et des autres : Comme les divers intervenants sur cette scène reconnaissent que la situation n'est guère reluisante, ils se renvoient mutuellement les accusations. D'une part, les municipalités déplorent le manque de civisme chez les citoyens. Elles leur reprochent de ne pas payer leurs redevances et de ne rien faire pour préserver la propreté, chacun devant chez soi. D'ailleurs, elles réclament plus de moyens dissuasifs et d'autorité pour pouvoir aller jusqu'au bout et obliger les récalcitrants à honorer leur devoir. « Une cité est un assemblage de quartiers et d'habitations individuelles. Si chacun entretient l'espace de son voisinage, le gros du travail est déjà assuré. Or, les citoyens ne respectent, même pas, les horaires fixés pour le ramassage des ordures. D'ailleurs, ils les jettent en vrac. Ainsi, les chats errants les effritent. Les services municipaux ne peuvent pas palier tous ces manquements. », ne cessent d'affirmer les responsables municipaux à propos de la propreté. D'autre part, les citoyens pensent que le sérieux du travail municipal se reconnaît dans l'hygiène et l'entretien des espaces verts du périmètre communal. Or, ils déplorent « l'absence du contrôle strict de l'hygiène dans les restaurants populaires et les cafés, encore moins la collecte des ordures et la propreté de la ville, sans parler des jardins publics qui ont pratiquement disparu... Comment voulez-vous qu'on paie les impôts municipaux alors que la benne d'ordure est remplacée par un tracteur qui laisse la moitié des déchets par terre... Nous ne sommes pas convaincus par le sérieux de l'action municipale... »
Impliquer les citoyens Il est clair que les deux parties se renvoient les accusations. Dans de pareils litiges, il faut aller du côté des spécialistes. Un urbaniste pense : « l'expérience a montré que c'est l'administration qui doit montrer qu'elle a changé de visage... Elle doit impliquer les citoyens dans des actions concrètes et demander leurs avis sur les améliorations à introduire. Une telle approche les responsabilise. Ils doivent sentir que c'est leur décision, leur ville et leur jardin. La responsabilité de l'entretien leur revient comme s'il s'agissait de leur propre jardin. Mais, pour parvenir à un tel résultat, il faut commencer par soigner la communication entre les deux parties. Chacune est appelée à réviser sa position : les mairies sont censées appliquer un meilleur suivi des actions qui leur incombent : installation des poubelles sur toutes les artères du périmètre communal, amélioration du mode de ramassage des ordures, entretien des jardins publics et des espaces verts, etc ; de leur côté, les citoyens doivent faire preuve de civisme. Nul n'ignore que la saleté, ce sont eux qui en ont « garni » l'extérieur. La mairie ne l'a pas ramené de ses locaux . Donc, il y a un véritable travail de sensibilisation à faire. Les écoles primaires peuvent être les vecteurs de transmission de tels messages. En plus, il est efficace d'impliquer les citoyens dans des campagnes d'embellissement de la proximité immédiate de chez eux pour qu'ils puissent contempler directement les effets. Le visuel importe beaucoup pour changer les mentalités.»