p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"On s'évertue un peu partout à rechercher des liens de cause à effet. Et l'ennui, c'est qu'on essaie de débusquer ces liens bien en dehors de la rigueur et de « la technicité » d'une procédure judiciaire. On se rabat aussi sur le texte et le contexte. Et ils sont plusieurs, dans les médias et dans les sphères politiques, à conclure que cette affaire s'identifie à cette vieille « manœuvre » consistant à faire du contexte un prétexte. Le tout influent quotidien Le Monde a, d'ailleurs, lui aussi abondé dans ce sens dans sa livraison au lendemain de l'arrestation de Nabil Karoui. Ils sont aussi plusieurs à avoir fait dans la victimisation du fait que, affirment-ils, Nabil Karoui serait victime d'une « cabale dans les règles » à travers des pages sponsorisées et, qu'à leurs yeux, cette cabale aurait « conditionné cette décision de justice ». p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Il est tout à fait normal que cette affaire polarise l'opinion publique. Et en ces temps où tout se dit, où il n'y a plus de limites aux « fictions » ni aux interprétations, l'arrestation de Nabil Karoui est extrapolée à l'envi. Logique, dans la mesure où il ne s'agit pas de n'importe qui. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman"; min-height: 10px;" p class="p3" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Tirs croisés p class="p3" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"et guerre de positionnements p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"De l'avis de bon nombre d'observateurs branchés sur le secteur juridictionnel, le juge d'instruction ayant émis le mandat de dépôt à l'endroit du président de Qalb Tounes est un homme qui ne se plie pas aux instructions. On a d'ailleurs vu les membres du parti éviter parcimonieusement de remettre en cause la souveraineté et l'indépendance de l'appareil judiciaire. Oussama Khélifi a même déclaré, lors de la conférence de presse, que les membres de Qalb Tounes avaient pleine confiance en la justice. Formule consacrée, bienveillante même lorsque l'appareil de la justice reprend le dessus. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Il n'empêche : l'affaire ne pouvait ne pas prendre des dimensions politiques. Et du coup, voilà que des tirs croisés fusent entre Qalb Tounes et Attayar. Polémiques entre ce même Oussama Khélifi et Néjib Hajji et, à travers eux, entre ces deux partis qu'une interminable querelle oppose l'un à l'autre au sein de l'hémicycle. C'est aussi l'expression de cette sempiternelle guerre de positions entre un parti (Qalb Tounes), l'un des supports de la coalition autour du gouvernement, et l'un des éléments incisifs de l'opposition qui se dresse contre « ce coussin ». L'affaire sort ainsi des sphères judiciaires pour migrer le plus logiquement du monde dans les sphères parlementaires. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Nous parlions de contexte. Pour le bloc démocrate, le temps est venu pour que cette affaire Nabil Karoui provoque une onde de choc. Car, dans la foulée, ce même Néjib Hajji demande à ce que le Président de l'ARP dévoile la liste des députés concernés par une levée de l'immunité émise par les autorités judiciaires. On n'en sait rien. Et personne n'en sait davantage, si ce n'est des bribes d'informations non vérifiées concernant cinq demandes. Le Bureau de l'ARP est en effet impénétrable, et il représente pour ainsi dire une loge inexpugnable. On voit d'ailleurs mal le président de l'ARP jeter ses dévots dans les mailles judiciaires. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman"; min-height: 10px;" p class="p3" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"La face immonde p class="p3" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 12px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"de «l'exception tunisienne» p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Pour autant, les interprétations autour de cette affaire relèguent au second plan tous les tenants et tous les aboutissants d'un dossier ayant connu depuis 2016 de sérieux rebondissements. On oublie que c'est IWatch qui a enquêté et porté plainte contre Nabil Karoui et son frère Ghazi. C'est-à-dire que c'est l'une des composantes de la société civile (et non l'Exécutif, à l'époque dirigé par Youssef Chahed) qui en a saisi la justice. On oublie par ailleurs que, quoiqu'arrêté, Nabil Karoui bénéficie toujours de la présomption d'innocence. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Or, on ne saurait dire par quelle bêtise, par quelle légèreté, on a associé ce mandat de dépôt à l'entrevue, la veille, entre le Président de la république et le fondateur démissionnaire d'Attayar, l'inflexible Mohamed Abbou. On sait que Mohamed Abbou passe pour être « Monsieur propre » et qu'il a fait de la lutte contre la corruption son sacerdoce, mais qu'il n'a pas su s'inventer un cheval de bataille dans un monde politique gangréné par l'argent sale. On sait aussi que, sur ce plan, Mohamed Abbou est en symbiose et dans le même combat que Kais Saied. Prétendre cependant, que l'entrevue entre les deux hommes a infléchi la décision du juge d'instruction, est pure loufoquerie. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Il n'en fallait d'ailleurs pas davantage pour que Rafik Abdessalem place un statut associant le fondateur d'Attayar à un « pyromane ». En l'occurrence, accrédite-t-il la thèse d'un complot fomenté par Abbou. Sauf que, si celui-ci était aussi performant et aussi influent que cela, il n'aurait pas raté un certain dossier du « Sheratongate ». p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Aujourd'hui, on recense près de 2 mille dossiers de corruption aux mains d'une justice qui, pour une raison ou une autre, ne s'y est pas définitivement prononcée. Elle finira par le faire, maintenant que les magistrats se sont réimposés comme le troisième Pouvoir et que ce Pouvoir entend recouvrer son indépendance et la souveraineté de ses propres décisions. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Sauf que là aussi, les extrapolations ont eu libre cours. On s'est mis à établir un lien (plutôt un amalgame, un de plus !) entre les revendications satisfaites des magistrats et cette « soudaine remise en marche » de la machine judiciaire, du fait qu'en l'espace d'une semaine, elle a bien pris en mains l'affaire des déchets italiens avant d'en faire de même pour celle de Nabil Karoui. Loufoqueries là aussi. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Il reste que les Tunisiens, la plupart, croient en l'enclenchement (enfin !) d'une opération « Mani pulite » (mais propres) comme celle lancée en Italie, il y a quelques années par le juge Di Pietro. C'est cette affaire qui a démantelé la classe politique tout entière. Ce scénario est-il possible chez nous ? Pour cela, il nous faudra des hommes providentiels. Parce que la corruption, dans nos sphères politiques occultes, est autrement plus complexe de ce qu'elle ne l'était en Italie dès temps de l'opération « Mani pulite ». Là aussi, nous pourrions parler « d'exception tunisienne ». p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";" p class="p4" style="text-align: right; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"R.K.