Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, avait dissout, en mai dernier, le bureau exécutif du mouvement islamiste, pensant faire main basse sur cette structure, et pouvoir, ainsi, présenter sa candidature pour un troisième mandat à la tête du parti, bien qu'il n'ait pas le droit. Mais ses comptes sont tombés à l'eau, puisque ses partisans ont essuyé un camouflet cinglant et que ses adversaires ont pu se faire élire, et cela en dit long sur ce qui va arriver, par la suite. Entretemps, la tension monte d'un cran et chacun y va de ses explications. Les élections des membres du bureau exécutif d'Ennahdha ont été marquées par de grands bouleversement, et des dirigeants, considérés comme proches de Rached Ghannouchi, ont été refoulés par les électeurs, alors que d'autres, considérés comme des frondeurs, sont montés en flèche. Parmi les partisans du Cheikh, seuls ceux qui sont considérés comme « modérés » et qui peuvent pencher vers l'autre camp ont pu passer, notamment, comme Saïda Lounissi, et à un degré moindre, Rafik Bouchlaka qui, malgré tout, fait partie de la nouvelle vague ». Du côté opposé, il y a Abdelatif Mekki qui est devenu vice-président d'Ennahdha. Le président du Conseil de la Choura, Abdelkrim Harouni, a tenté d'atténuer l'impact et de minimiser les dégâts. « Ces élections sont historiques car elles ont prouvé que le parti est démocratique et que l'alternance est en vigueur. Le président du mouvement n'a pas imposé de listes », a-t-il déclaré dans La Matinale de Shems FM. Harouni assure que la liste des 100 n'a pas été rejetée. « Ils ne sont pas des opposants au président du mouvement et ne constituent pas une organisation à part », selon lui. « Parler d'une crise est dépassé. Quant à Abdelatif Mekki, c'est un frère et nous ne sommes pas en guerre. Le fait qu'il intègre le bureau exécutif constitue un acquis pour lui et pour le parti. Nous essayons de profiter de tous nos dirigeants sans exclusion », a encore affirmé Harouni. Cela ne semble pas être l'avis de Samir Dilou, député et président du groupe parlementaire d'Ennahdha à l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), qui fait partie des opposants à Rached Ghannouchi. Il qualifie le communiqué du Conseil de La Choura sur les résultats des élections « d'étrange » surtout qu'il évoque l'élection de 17 membres, alors qu'en réalité 12, seulement, ont été élus sur la base du nombre des votants et non celui des présents au Conseil, selon ce qu'il a déclaré. De son côté, Lotfi Zitoun, un des dissidents, Réagissant aux dernières élections des membres du bureau exécutif, il considère que les résultats reflètent la profondeur de la crise interne au sein d'Ennahdha. «Le parti peut être baptisé le parti des Califats. C'est le Califat de son président», a-t-il lancé dans un entretien à Achourouk.