On s'attendait de la part des ménages tunisiens, avec la crise sanitaire liée à coronavirus, à une réhabilitation à grande échelle, notamment en milieu urbain, de la tradition de l'auto approvisionnement familial en denrées alimentaires à l'aide des astuces traditionnelles du séchage des fruits et légumes frais et des salaisons. Mais, selon les enquêtes, c'est l'inverse qui s'est produit. Il y a eu, au contraire, une augmentation remarquable du recours à l'approvisionnement en ligne via l'Internet auprès des grandes surfaces de distribution et autres points de vente, au grand dam des clients offusqués par les retards de livraison, la mauvaise qualité des produits livrés et une surfacturation injustifiée. Comme l'a dit un commentateur, ce qu'on croit être un progrès s'avère être parfois une fuite en avant. Recommandé déjà depuis longtemps par l'Institut national de la consommation et les organisations de défense du consommateur pour échapper à la hausse des prix, l'auto-approvisionnement familial en denrées alimentaires en milieu urbain, notamment, au moyen du séchage, des salaisons et diverses autres astuces et techniques traditionnelles universellement connues, communément appelé "oula" chez nous, est présenté par de récents rapports tunisiens, à l'occasion de coronavirus, comme un très bon moyen pour « l'autonomisation alimentaire des ménages et des familles » face aux crises de toutes sortes. Un citoyen nous a dit à ce sujet qu'on peut avoir de l'argent et mourir de faim quand on ne trouve rien à acheter pour manger, comme il s'était arrivé au début de la pandémie de coronavirus lorsque les rayons des denrées alimentaires dans les magasins avaient été vidés du jour au lendemain. La crise de coronavirus a montré aussi qu'il peut y avoir un usage fréquent et pour longtemps du confinement général de la population avec ses nombreuses contraintes de déplacement à l'extérieur, parallèlement aux pénuries et aux divers autres aléas. Les syndicats agricoles relevant de l'UGTT ont ainsi décrété l'observation d'une grève générale dans le secteur agricole (public et privé) les 26 et 27 janvier 2021. Sur ce plan, un spécialiste a souligné que les techniques traditionnelles de conservation des denrées alimentaires à l'aide du séchage et des salaisons notamment, devenues de nos jours des activités industrielles et manufacturières, avaient été développées par nos lointains ancêtres en temps de crises et pour survivre aux crises ( les perturbations climatiques, entre autres). Il s'agit d'astuces d'autonomisation face à l'environnement extérieur, la fin étant de ne pas être dépendant de cet environnement. «Nous faisons toujours face aux mêmes conditions », a-t-il estimé. S.B.H.