Le Temps-Agences -Le président George W. Bush a quitté hier Washington pour le Proche et le Moyen-Orient où un dangereux face-à-face militaire entre les Marines iranienne et américaine dans des eaux stratégiques est venu donner le ton d'un voyage historique. M. Bush se rend avec deux objectifs dans une région qui devrait continuer à dicter l'essentiel de son emploi du temps pendant la dernière année de sa présidence : aider Israéliens et Palestiniens à conclure un accord de paix avant qu'il ne quitte la Maison Blanche en janvier 2009; assurer aux alliés du Golfe à la fois que les Etats-Unis ne les laisseront pas seuls face à la "menace" iranienne, et qu'ils n'emploieraient la force qu'en dernier recours. Le président peut considérer que son message sur le péril iranien a été renforcé juste avant son départ quand des vedettes de la Marine iranienne ont menacé d'attaquer trois navires de guerre américains dans le détroit d'Ormuz, par où transite une part considérable du trafic pétrolier mondial. La Maison Blanche a mis en garde l'Iran contre tout "agissement provocateur qui pourrait conduire à un incident dangereux". Le gouvernement iranien a tenté de minimiser une confrontation "ordinaire" selon lui, mais qui ressemble beaucoup à une démonstration de force et à un nouvel accès de tensions entre les deux pays. M. Bush risque d'entendre ses alliés arabes le presser de veiller à ce qu'une hostilité vieille de plus d'un quart de siècle ne dégénère pas. M. Bush est aujourd'hui, demain et après demain en Israël et dans les Territoires palestiniens. Il se rend après demain au Koweit, puis à Bahrein, aux Emirats Arabes Unis, en Arabie Saoudite, avant de finir sa tournée en Egypte le 16 janvier. A Israël et aux pays arabes, le président a dit vouloir affirmer l'engagement américain à assurer la sécurité de la région et à contenir la montée en puissance iranienne. Il s'agit surtout de réparer les dégâts causés par un récent et retentissant rapport du Renseignement américain sur la menace nucléaire iranienne. Le document, qui dit que l'Iran aurait arrêté en 2003 un programme secret pour fabriquer la bombe atomique et sape l'argumentaire américain, a pu faire croire aux Etats arabes que les Etats-Unis pourraient baisser la garde. "Je serai là-bas pour rassurer, pour regarder les gens dans le fond des yeux et leur dire : je crois que l'Iran est une menace; nous avons une stratégie pour y faire face; et nous voulons coopérer avec vous", a-t-il dit à la chaîne Al-Arabiya. Les Etats-Unis se réservent l'option militaire, mais "je crois que nous pouvons résoudre ce problème diplomatiquement", a-t-il ajouté. M. Bush commence par Israël et la Cisjordanie - une première depuis le début de sa présidence - un voyage sous très haute protection dans une région où la guerre en Irak et les politiques de son gouvernement ont suscité de forts sentiments anti-américains. Al-Qaïda a appelé les radicaux à accueillir M. Bush "avec des bombes et des voitures piégées". Il s'agit pour le président de prolonger la dynamique de la conférence d'Annapolis (Etats-Unis). Israéliens et Palestiniens s'y sont engagés à relancer un processus enlisé et à rechercher avant fin 2008 un accord menant à la création d'un Etat palestinien coexistant avec Israël. Le scepticisme est largement répandu, tant les différends sont anciens et profonds. L'Autorité palestinienne exhorte M. Bush à faire pression sur Israël au cours de son voyage pour un arrêt de la colonisation dans les Territoires, un contentieux majeur. M. Bush se veut optimiste sur les chances de succès : "Je crois que les étoiles sont favorablement alignées". L'Irak reste la grande affaire de M. Bush et une visite surprise ne peut être exclue. Les intérêts économiques devraient aussi peser lourd sur la tournée, avec un baril de pétrole à plus de cent dollars.