- Agences- Les rebelles, soutenus par l'Iran, tentent de s'emparer de la ville de Marib, riche en pétrole, depuis plus d'un an. Après une accalmie, ils ont repris le 8 février leur offensive contre les forces gouvernementales, appuyées par une coalition dirigée par l'Arabie saoudite. "Je suis très inquiet de l'escalade militaire à Marib", a tweeté le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock. "Un assaut sur la ville mettrait deux millions de civils en danger, avec des centaines de milliers de personnes potentiellement forcées de fuir et des conséquences humanitaires inimaginables." Le haut diplomate a annoncé qu'il discuterait de la situation demain avec le Conseil de sécurité de l'ONU, appelant à "désamorcer" la crise au lieu "d'ajouter encore plus à la misère du peuple yéménite". Cette escalade intervient au moment où les Etats-Unis ont annoncé l'arrêt de leur soutien à l'Arabie saoudite au Yémen et le retrait mardi des Houthis de leur liste des "organisations terroristes", afin de ne pas entraver l'acheminement de l'aide vers les territoires qu'ils contrôlent. A Genève, le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a annoncé la tenue d'une conférence des contributeurs pour l'aide au Yémen le 1er mars, disant espérer lever "4,2 milliards de dollars". Les combats autour de Marib ont fait des dizaines de morts et de blessés dans les deux camps ces derniers jours, selon des responsables militaires du gouvernement yéménite. Les Houthis communiquent rarement sur leurs pertes mais des funérailles collectives de combattants ont été organisées hier à Sanaa, à 120km à l'ouest de Marib. Les Houthis se sont emparés de la capitale en 2014, déclenchant cette guerre qui a plongé le pays dans la pire crise humanitaire au monde selon l'ONU. Ils se sont depuis accaparés la quasi-totalité du nord du pays. Ces dernières heures, "les rebelles ont pu avancer à l'ouest et au nord de Marib", a déclaré un responsable militaire. Les forces gouvernementales ont mobilisé des centaines de combattants sur divers fronts autour de Marib. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), environ 650 familles ont dû fuir lors de la recrudescence des violences à Marib. Mais selon Maged al-Madhaji, directeur du Centre d'études stratégiques de Sanaa, "les Houthis ne reculeront pas, ils profitent de l'élan politique mondial contre les Saoudiens (...) Il n'y a pas de conditions politiques plus idéales pour les Houthis", en référence notamment au revirement de la politique américaine depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche. La prise de Marib par les Houthis porterait un coup dur au pouvoir mais aussi à l'Arabie saoudite qui l'épaule depuis 2015, car le nord du Yémen, frontalier du royaume, serait alors entièrement aux mains des rebelles.