p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Qui doit quitter la scène et qui doit y rester ? Aujourd'hui que les textes constitutionnels se révèlent impuissants à débloquer une situation où l'on ne fait que tourner en rond, sinon au mieux à opter pour le rafistolage, c'est le pays tout entier qui est à vau l'eau. Lorsque le tout récent rapport de la Banque centrale met en exergue un déficit budgétaire record s'élevant à 7.130 millions de dinars, avec toutes les implications que cela induit au niveau du service de la dette et de l'inflation terriblement galopante, il n'y a plus de conflits institutionnels qui tiennent. Lorsqu'on perd le fil de la saine gouvernance, et qu'un gouvernement se retrouve à devoir signer des chèques à blanc, pourvu de contenir un tant soit pas la recrudescence des revendications sociales, il faudra bien en conclure que ces petites piqures de morphine n'auront qu'un effet très limité dans le temps et dans l'espace. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"S'il est vrai que la crise est purement politique, les indicateurs économiques, eux, n'ont pas d'état d'âme. Ils expriment l'état des lieux en chiffres, et seuls les chiffres sont pointus et rationnels. En revanche, les politiques, eux, sont plutôt dans l'irrationnel. Les partisanneries, la guerre des tranchées à laquelle se livrent les blocs parlementaires ne font que jeter de l'huile sur le feu. Discours haineux et enflammés ; tous les seuils de la bienséance allègrement franchis ; une forte propension à la diabolisation ; des plénières se toujours en queue de poisson : c'est le lot quotidien des Tunisiens. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Quelle réelle proposition pour sauver l'économie a-t-elle été avancée par cette Assemblée, ainsi configurée depuis les élections anticipées de 2019 ? Plutôt, des affrontements idéologiques qui ne concernent en rien les Tunisiens. Tous, depuis Carthage, jusqu'au Bardo (que le Président a décidé de snober copieusement), en passant par la Kasbah, tous en somme se disputent le ... gouvernement. Un gouvernement condamné à être aux ordres (alors que la gouvernance réelle du pays est exclusivement de son ressort). Mais un gouvernement, précisément celui de Méchichi, qui va de Charybde (Kaïs Saïed) en Scylla (Rached Ghannouchi). Quelle liberté de manœuvre dès lors pour Méchichi ? Presqu'aucune, et surtout avec un gouvernement réduit jusqu'à l'os, en ces temps où la crise économique et l'épouvantail de la pandémie, exigent la mise sur pied d'un gouvernement de choc. Une armée de choc. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman"; min-height: 10px;" p class="p3" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 10px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";" Ghannouchi dans l'œil du cyclone p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";" Il est désormais établi que Méchichi n'avait guère le choix : il s'est jeté dans la gueule du loup. Ayant flairé, dès les premiers moments de son investiture que Kaïs Saïed, qui l'a pourtant choisi, n'avait guère de bonnes intentions à son égard, il s'est choisi un camp politique, une ceinture dont il ne se doutait pas qu'elle casserait, ou qu'elle finisse par le sacrifier pourvu de garder la mainmise sur l'ARP. Une ARP plus que jamais dissolue, par ailleurs, et dont le Président est fortement dévoyé, et même parmi certaines composantes de son propre parti. Il est désacralisé et, extrême affront, une nouvelle vague de personnalités nahdhaouies ne lui reconnaissent plus ce vieux statut de « guide suprême ». De surcroît, sa gestion personnifiée des affaires de l'ARP, lui vaut aujourd'hui une fronde systématique venant de l'Opposition. Or, qui est cette Opposition ? Elle est matérialisée par Abir Moussi, dont l'accès à l'ARP n'a pour but que de faire face au « projet d'hégémonie frèriste ». Il y a cependant une autre Opposition : celle d'Attayar, Echaâb ainsi que d'autres blocs qui ne se prononcent qu'après avoir vu dans quelle direction tourne le vent. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Rached Ghannouchi a subi un premier affront, il y a quelques mois. Il a été soumis à un vote de destitution et dont il a échappé de justesse. Il s'en est sorti, pas tant grâce à l'appui des siens et de ses alliés, que par la faute des signataires de la motion de destitution et qui se sont présentés en rangs dispersés, le jour du vote. C'est que le bloc formé par Attayar et Echaâb ne voulait pas du PDL comme allié. Cette fois, cependant, d'après des sources fiables, la donne change. Et comme l'a déclaré Hassouna Nasfi (Bloc de la Réforme), ils n'iront aux urnes pour la destitution de Rached Ghannouchi qu'à condition que la pétition comprenne 109 signatures nominatives. « Sinon, ce serait un coup d'épée dans l'eau et le Président (contesté) de l'ARP en sortirait davantage renforcé ». Cela requiert, par ricochet, un modus-vivendi entre le Bloc démocrate et le PDL. Celui-ci n'en demande pas mieux. Le Bloc démocrate, lui, craint de devoir se rendre coupable d'un parjure : à savoir pactiser avec « les rejetons RCDéïstes ». Ce qui est certain, au vu de toutes les manœuvres qui se jouent dans les coulisses, c'est que le jeu des surenchères bat son plein. Et ce qui est tout aussi sûr, c'est que Rached Ghannouchi ne restera pas les bras croisés. Sa hantise, c'est d'être offert sur un plateau à un certain...Kaïs Saïed. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman"; min-height: 10px;" p class="p3" style="text-align: center; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 10px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Magie noire contre magie blanche p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Ils sont plusieurs, aujourd'hui, à commencer à percevoir le Président de la république autrement que sous l'angle du mysticisme, ou encore de l'élévation au-dessus des institutions. Il est vrai qu'il reproche à Méchichi de « l'avoir trahi », thèse qu'accrédite le Bloc démocrate et qui ne se ravise pas de concevoir qu'Elyès Fakhfakh en ait fait autant, en cachant « ses affaires » au Président, ce qui a conduit celui-ci à un désaveu qui aura profité à Ennahdha. Sauf que la pomme de discorde entre Saïed et Ghannouchi, ce n'est pas vraiment Méchichi. Ce ne sont pas vraiment les ministres qu'il ne veut pas recevoir. Sans doute, ne pardonnera-t-il jamais à l'homme qu'il a lui-même choisi pour la Kasbah d'avoir limogé ses ministres à lui. Et, là, on voit bien que le Président n'est vraiment pas une colombe : il veut gouverner. Une facette qui a quelque peu échappé aux analystes. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Or, en réalité, la main invisible de Carthage est clairement derrière ce processus visant la destitution de Rached Ghannouchi. Mieux que personne avant lui, il a su le diaboliser à coups d'allusions, à coups de raffermissement d'un principe simple, mais qui chatouille la sensibilité populaire : « La Tunisie n'a qu'un seul Président à l'intérieur et pour l'étranger ! ». Le conflit de légitimités dans lequel s'est ingénument empêtré Ghannouchi, ne pouvait que tourner au profit du Président, et de surcroît un Président massivement élu par le peuple, tandis que celui de l'ARP est le résultat d'un certain consensus. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Très habilement, Kaïs Saïed a installé la discorde au sein du Parlement, prétextant tout aussi habilement Hichem Méchichi. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Comment réagira, dans les faits, Rached Ghannouchi pour tout détourner à la fois ? Notre confrère Business news (rendons à César ce qui lui est du) avance la thèse que Ghannouchi ferait voter une motion de censure contre le gouvernement Méchichi, quitte à le re-proposer pour en former un autre, sinon ses alliés et lui proposeront de vieux clients, comme Fadhel Abdelkéfi et Hakim Hammouda. Et, hop, le tour sera joué. Le Président ne saurait s'y opposer, et la motion de destitution tomberait à l'eau. Jamais ne sous-estimer, en effet, la capacité manœuvrière du Cheikh ! p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Or, pour une fois, ce serait chimérique. Et, qui plus est, cette manœuvre s'apparenterait à une espèce de magie noire. De par son côté malveillant, la magie noire exige qu'on fasse des sacrifices : Ghannouchi sacrifierait donc Méchichi, pourvu de contourner la magie blanche de Saïed. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"Bienvenu donc au monde du surnaturel et des pouvoirs magiques. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";" p class="p4" style="text-align: right; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 9.5px; line-height: normal; font-family: "Times New Roman";"R.K.