Le Temps-Agences- L'Iran a mis en garde hier contre de "sérieuses conséquences" en cas d'une nouvelle résolution de l'ONU renforçant les sanctions contre Téhéran au sujet de son programme nucléaire, alors qu'un projet en ce sens doit être discuté par le Conseil de sécurité. "Si une résolution est adoptée (...) cela aura des conséquences sérieuses et logiques, et nous les annoncerons plus tard", a averti le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, lors d'une conférence de presse à Téhéran. Il n'a pas explicité ces "conséquences". Les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l'Allemagne se sont mis d'accord la semaine dernière à Berlin sur un projet de résolution renforçant les sanctions internationales pour forcer l'Iran à arrêter son enrichissement d'uranium. Ce projet devait être discuté à partir d'hier par le Conseil de sécurité à New York. Il inclut une interdiction de voyager pour les responsables impliqués dans le programme nucléaire iranien et de possibles contrôles du fret maritime et aérien à destination de Téhéran s'il y a des soupçons qu'il contient des matériaux prohibés. M. Mottaki a rappelé la position traditionnelle de Téhéran selon laquelle "de telles décisions n'affecteront pas la détermination de l'Iran à poursuivre ses droits à l'utilisation de l'énergie nucléaire". Les autorités iraniennes ont drastiquement réduit leur coopération avec l'AIEA depuis que leur dossier nucléaire a été déféré par l'AIEA au Conseil de sécurité en 2006. Elles se sont engagées en août 2007 à fournir à l'AIEA des réponses aux questions sur le programme nucléaire avant la fin décembre. Ce délai a été depuis repoussé à la mi-février 2008. Le directeur général de l'AIEA Mohamed El Baradei doit présenter à la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs de l'Agence fin mars un rapport sur la coopération de l'Iran ainsi que sur son respect ou pas de l'exigence du Conseil d'une suspension de l'enrichissement d'uranium. Déjà, M. Mottaki avait demandé à l'ONU de faire preuve de "retenue" et de ne pas adopter de résolution contre son pays en attendant le rapport de l'AIEA. Il a réitéré cet appel hier, en jugeant qu'il "faut attendre la réunion du Conseil des gouverneurs", prévue du 3 au 7 mars selon le site internet de l'AIEA. Les discussions entre Etats membres du Conseil devraient prendre dans tous les cas plusieurs semaines avant d'aboutir à l'adoption d'un texte, selon des diplomates. M. Mottaki a aussi estimé que "si l'AIEA rapporte que l'Iran n'a pas détourné par le passé son programme nucléaire, le Conseil de sécurité devrait réparer ses erreurs passées et annuler les deux résolutions" comportant des sanctions. En attendant, l'Iran a annoncé avoir reçu le dernier chargement de combustible russe pour sa centrale nucléaire de Bouchehr, la première du pays, dont la Russie achève la construction.