En dépit d'un planning fort chargé avec la préparation des siens à cette importante confrontation contre l'Etoile du Sahel dans le cadre de la Supercoupe d'Afrique, le Suisse a bien voulu nous faire un large tour d'horizon. Ecoutons-le ! - Le Temps : Actualité oblige, selon les matches que vous avez suivi jusque-là à la CAN, avez-vous remarqué l'émergence d'un nouveau système de jeu, de nouveaux schémas ? - Michel Decastel : Toujours les mêmes caractéristiques du footballeur Africain ; une technique très raffinée mais une culture tactique très approximative. Exception faite bien entendu de la Tunisie qui est très mûre tactiquement et de l'Egypte. La Côte d'Ivoire m'a fait également une forte impression et c'est logique dans la mesure où pratiquement tous ses joueurs sont issus du centre de formation dirigé par Jean Marc Guilloux.
- Comment expliquez-vous alors que ces mêmes Africains brillent au sein de leur club en Europe s'ils sont aussi faibles tactiquement ? - Là, ce n'est plus la même donne, et ils savent que s'ils ne s'y appliquent pas, la correctionnelle n'est pas loin. C'est la politique de la carotte et le bâton en quelque sorte ! on ne badine pas là-dessus dans les clubs professionnels.
- Le CSS est détenteur de la coupe de la coupe de la CAF, vous trouvez normal, logique qu'aucun Sfaxien ne figure sur les tablettes de Lemerre au Ghana ? - Je respecte ses choix, il l'a fait en toute connaissance de cause, en son âme et conscience et assume donc l'entière responsabilité de ses options. Mais je pense sincèrement que des garçons comme Fateh Gharbi et Haythem Mrabet auraient aidé le onze national.
- La migration de Karim Nafti au Golf serait derrière son éviction par Lemerre selon vous ? - Non, il a été pénalisé essentiellement pour ses prestations en demi-teinte et mitigées lors du deuxième semestre 2007.
- Revenons à ce méga-match qui vous attend contre l'ESS. Le fait de le disputer à Radès n'augmente pas vos chances de sortir indemne devant l'ogre sahélien ? - Absolument pas ! En ce sens qu'il s'agit d'une finale qui se joue sur 90 voire 120 minutes, et sur un match tout est possible même à Sousse si d'aventure la rencontre y était programmée. Je respecte l'adversaire, il n'est pas champion d'Afrique fortuitement, mais nous aussi, nous avons nos arguments et croyez-moi, ils ne sont pas négligeables. En un mot nous avons les moyens et tablons fermement sur le gain de ce trophée.
- Vous semblez occulter allègrement les remous qui secouent votre groupe ? - Certes nous avons souffert suite aux incidents du dernier match contre l'EST, avec la perte de cinq points comme conséquences mais je pense que le président a eu parfaitement raison d'arrêter les frais, car croyez-moi, si la partie avait repris, il y aurait eu de la casse suite à la blessure d'Apoku.
- Permettez-nous de ne pas partager votre approche, nous y étions ce jour-là, et le public était déjà très remonté depuis l'entame catastrophique des vôtres avec ce but éclair de Derbali ? - Je vous le concède, car le public n'admet pas une seconde défaite contre un grand suite à l'échec précédent contre l'ESS à la maison. Et la blessure a constitué la goutte qui a fait déborder le vase ; l'étincelle. Par mesure de sécurité, le président a logiquement agi pour apaiser les esprits surchauffés.
- Mais les instances n'y ont pas été de main morte notamment avec les officiels du CSS ? - La loi est certes là, mais nous œuvrons pour redresser la barre car il est inconcevable qu'on sanctionne des gens qui n'ont rien à voir avec la décision encore une fois juste du président à éviter un massacre, un pugilat.
- Six mois interdit de banc à communiquer avec votre adjoint Charfi par téléphone, cela vous ennuie et handicape votre travail ? Serait-ce à la limite aussi pénalisant pour vous ? - Je vous affirme qu'on va faire en sorte d'annuler cette décision qui n'a aucun sens à mon avis.
- Iriez-vous jusqu'à saisir la FIFA au besoin ? - Non je ne me vois pas solliciter mon avocat en Suisse pour un pareil problème qui ne me concerne nullement !
- On parle de votre départ fin juin, vous confirmez la fin de votre lune de miel avec Zahaf ? - Oui, après quatre ans passés à Sfax, je n'ai plus rien à donner au groupe, à moins de changer tout l'effectif.
- Mais vous avez l'air d'oublier la pérennité de Guy Roux à Auxerre ? - Justement, chaque saison il renouvelle complètement son effectif !
- On parle déjà de vous à la tête de l'EN, au CA et à l'étranger ; le fin mot de l'histoire ? - Sans citer qui que soit, les offres qui me parviennent seront étudiées à la fin de juin, car jusque-là je suis au CSS où je tacherai de m'investir et de m'acquitter comme il se doit des responsabilités qui m'incombent avec mes protégés sudistes.
- On peut dire que vos objectifs au CSS se sont désormais rétrécis comme peau de chagrin ? - Absolument pas ! Nous sommes toujours en course pour une place nous autorisant à participer l'année prochaine aux joutes continentales ou interarabes, la coupe de Tunisie nous intéresse au plus haut niveau sans oublier la super coupe qui sera à coup sûr Sfaxienne.
- M. Decastel, nous vous savons gré de votre disponibilité et vous laissons le mot de la fin ? - Je voudrais tout d'abord rendre hommage à votre journal pour son sérieux, souhaiter bonne chance à la Tunisie capable d'aller très loin dans cette CAN et rassurer le public sudiste quant à l'avenir de son équipe. Une équipe qui lui procurera bien des satisfactions cette saison. Recueillis avant Tunisie-Cameroun par Mohamed Sahbi RAMMAH