Malgré la pression urbaine, le Sebkhat Sejoumi, à cinq kilomètres au Sud Ouest du centre de la capitale Tunis maintient son intérêt biologique originel. C'est un exemple représentatif du Sebkhat, abritant des quantités d'oiseaux spectaculaires , même en été quand d'autres sebkhats sont secs. Il figure sur tous les inventaires de zones humides importantes. La dernière marque de reconnaissance est son classement par Bird International comme zone importante pour la conservation des oiseaux. Mais ce site est menacé écologiquement et nécessite une intervention urgente pour conserver sa diversité biologique. Le site d'une superficie de 3000 ha accueille de nombreuses espèces d'oiseaux à un stade critique de leur cycle de vie. « Les îlots fournissent des lieux de nidification à un grand nombre d'oiseaux d'eau et notamment à l'échasse blanche, à l'avocette élégante et au goéland railleur. D'autres espèces plus rares les rejoignent parfois (guifette noire, moustac).
Le Sejoumi : un lieu de repos pour les flamants roses Les effectifs hivernaux de flamants, de canards et de limicoles dépassent largement les 20.000 individus. Au printemps ils sont remplacés par des effectifs de limicoles de passage. « Sejoumi accueille de 4.000 à 25.000 flamants roses, entre 1.000 et 12.500 tadornes de belon, 2.000 à 10.000 canards souchet» nous précise M.Boujemaâ Hizaoui chef d'arrondissement des forêts de Tunis. « De point de vue géologique, explique M.Hizaoui, il s'agit d'un bassin fermé, de formation récente, qui reçoit des apports sous forme d'alluvions et de dépôts lacustres. Le fond de la dépression est argileux. Comme valeur hydraulique, le lac est important pour la maîtrise des crues des oueds et impluviums des environs de Tunis. Le site étant peu profond et constitué de vases qui l'entourent, avec une végétation halophile typique des sebkhats. La flore des bords du lac est surtout halophile et caractéristique des alentours des nombreux lacs salés de l'Afrique de Nord »
Des mesures de conservation écologiques Le site est exposé à un grignotage continuel des habitats sur ses berges. « Le site, nous explique, M Hizaoui est menacé par les inondations. En automne 2003, des inondations se sont produites autour de Sidi Hassine provocant une augmentation du débit à 50cm. A cause de ses inondations, le lac est désormais relié par un canal de 9 mètres, à l'oued Méliane pour permettre d'évacuer les eaux excédentaires par un système de pompage. Le débit a baissé à 10cm. Les ministères de l'Agriculture et de l'Environnement ont élaboré une stratégie visant à désigner un comité chargé pour contrôler les déchets ménagers. Le site est mentionné sur l'arrêté annuel du ministre de l'Agriculture comme zone où la chasse est interdite mais cette mention ne garantit pas la protection des habitats. Le classement comme site Ramsar représente le premier pas vers des mesures de conservation législatives et des actions concrètes sur le terrain. Il conviendra d'associer aux plans d'aménagement des mesures de conservation du patrimoine naturel par la création d'espaces verts et de zones protégées où la construction est interdite. Cette stratégie permet à long terme de créer un centre d'accueil, d'observation et de sensibilisation ainsi la multiplication des pistes pour les randonnées pédestres et les promenades. Les oiseaux constituent l'élément le plus important de la faune. C'est pourquoi notre tâche est de protéger ces oiseaux migrateurs et conserver cette diversité biologique» conclut M.Hizaoui.