* Mutisme complet sur le choix des filières à moins de deux mois de la date du 31 mars 2008. Le nouveau projet de la réforme de l'assurance-maladie poursuit son bonhomme de chemin avec ses acquis, mais aussi, avec ses tâtonnements. A son actif, l'élargissement du nombre d'affections couvertes par la prise en charge intégrale, la révision à la hausse de l'indexation des actes d'analyses biologiques, de radios, de soins dentaires et de chirurgie par rapport à l'ancien référentiel de remboursement pratiqué par l'assurance de la Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance Sociale « CNRPS ». A son passif, apparaissent de multiples problématiques pratiques qui accompagnent tout début de réforme et, surtout, l'obligation de ne se faire soigner que par un médecin conventionné avec la CNAM. Laquelle restriction dérange énormément les affiliés qui se considèrent lésés par une pareille assignation. La couverture médicale en Tunisie dispose d'une histoire et de plusieurs acquis ayant touché un large éventail d'affections et permis de soigner des centaines de milliers d'assurés sociaux dans les institutions hospitalières en Tunisie et à l'étranger. Les dernières décennies ont forgé une culture de soins chez les affiliés qui connaissent, désormais, leurs droits et vous citent, fièrement, leurs acquis : « L'accès aux soins chez les médecins du secteur privé dans plusieurs maladies prioritaires n'a pas été facile. Nos institutions représentatives ont dû lutter pour avoir cet acquis. Ainsi, du temps de la CNRPS, nous sommes parvenus à avoir le droit d'être soignés par le médecin spécialiste de notre choix dans les maladies couvertes par une prise en charge de la caisse. C'était un véritable confort moral. Nous pouvions changer de médecin à notre guise jusqu'à l'acquisition de cette tranquillité psychique synonyme de confiance établie entre le patient et son médecin traitant. Et comme près des deux tiers des prises en charge intéressent des affiliés de plus de 50 ans, il serait judicieux de la part de la CNAM de comprendre que cette tranche d'âge est conservatrice de nature. Ils sont lents à s'attacher à un médecin et réticents à s'en détacher. ». Ce constat auprès des affiliés donne un aperçu sur la déception des affiliés par rapport à la nouvelle réforme. D'ailleurs, leurs réserves ne se limitent pas à cette question de choix du médecin. Ils contestent, aussi, une réactivité lente de la part des structures de la CNAM par rapport à leurs doléances.
Manque d'anticipation Lors d'une discussion animée entre affiliés dans le bureau de la CNAM du Bardo, plusieurs affiliés ont remarqué : « le manque d'anticipation de l'administration de la CNAM dans la résolution des problématiques des affiliés. Regardez ! Il avait fallu un blocage complet et des files interminables devant les guichets pour que l'administration accorde la prolongation de validité des cartes de soins. Pourtant, cette situation était prévisible vu le nombre important d'affiliés et l'annonce tardive de la décision du renouvellement. La même situation risque d'être vécue lors du choix des filières. Normalement, le projet de la réforme prévoit que tout affilié est appelé à choisir entre les trois filières de soins (publique, privée et remboursement) trois mois avant l'entrée en vigueur de la 2ème phase de la réforme (1er juillet 2008). Donc, nous sommes appelés à faire ce choix avant le 31 mars 2008. Pourtant, rien n'a été, encore, entrepris à cet effet. Aucune campagne de sensibilisation ! Aucune campagne publicitaire ! Et l'on s'achemine sûrement vers un report comme pour les cartes de soins. La direction de la CNAM manque de sens de l'anticipation. Donc, les affiliés et les agents des guichets de la CNAM en paient les frais. ».
Assurance-maladie, dites-vous ! Une autre idée surgit de ce même débat et insiste sur le caractère que doit avoir la CNAM et ses différentes attributions. Les affiliés s'interrogent sur le rôle de la CNAM : « elle ne doit pas interférer dans le choix des médecins par les patients. C'est anti-déontologique. L'article 10 du code de la déontologie nous accorde le droit de choisir nos médecins. Donc, pourquoi nous priver de cet acquis ? La CNAM peut privilégier les médecins conventionnés par un meilleur taux de remboursement tout en évitant de nous pénaliser en nous refusant tout droit au remboursement des prestations faites auprès de médecins non conventionnés. La CNAM a pourtant accepté de rembourser les médecins publics qui font des activités privées complémentaires et qui ne sont pas conventionnés. Elle les a juste invité à respecter les termes de la convention mais, rien en pratique ne les oblige à le faire. La CNAM aurait pu éviter toute cette confusion et cette polémique en se limitant à son rôle d'assurance et à son rôle de remboursement suivant une grille qui différencie entre prestataires conventionnés et non conventionnés. Dans tous les cas, les patients ne doivent pas se sentir lésés. ». Il est clair que la nouvelle réforme de l'assurance-maladie fera, encore couler beaucoup d'encre. En effet, et à part ces problèmes, beaucoup d'autres questions n'ont pas, encore, été posées comme le nouveau rôle des mutuelles, le financement de la recherche médicale, etc...