Le Temps-Agences- Le leader druze Walid Djoumblatt, membre de la coalition anti-syrienne au pouvoir à Beyrouth, a agité hier le spectre d'une nouvelle guerre civile au Liban au cas où la crise politique se poursuivrait. L'élection du chef de l'armée Michel Souleïmane à la présidence de la République en remplacement du pro-syrien Emile Lahoud, dont le mandat a expiré le 23 novembre, a été reportée au 26 février. Ce quatorzième report est dû à l'exigence de l'opposition, emmenée par le Hezbollah et soutenue par la Syrie et l'Iran, d'avoir un droit de veto dans le futur gouvernement d'union, une exigence à l'origine de la crise politique dans laquelle le Liban se débat depuis plus d'un an. Djoumblatt a prédit que la poursuite des assassinats politiques, de l'armement des milices et du vide à la tête de l'Etat allaient "entraîner tout le monde dans l'anarchie" et il s'en est pris particulièrement au chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. "Si vous pensez que nous resterons les bras croisés, c'est pure imagination. Vous voulez l'anarchie ? Allons-y. Vous voulez la guerre ? Allons-y. Il n'y a pas de problème pour les armes", s'est exclamé le chef druze dont le ton s'est récemment durci envers l'opposition. Djoumblatt a lancé un appel à une manifestation monstre jeudi pour marquer le troisième anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, qui a porté la majorité pro-occidentale actuelle au pouvoir et précipité le départ des troupes syriennes du Liban. Damas nie farouchement être pour quoi que ce soit dans l'attentat suicide qui a coûté la vie le 14 février 2005 à Hariri - qui venait de se dresser contre la tutelle syrienne au Liban - et dans les assassinats de personnalités anti-syriennes qui ont eu lieu depuis trois ans. Le fils du Premier ministre assassiné, Saad Hariri, chef de la coalition politique au pouvoir, a estimé il y a quelques jours que le Liban était confronté directement à la Syrie et à l'Iran. "Si notre sort est la confrontation, nous y sommes prêts", a-t-il assuré. Le Hezbollah a rétorqué que "l'opposition ne peut pas se laisser entraîner dans la guerre civile". "Ils disent qu'ils sont pour la confrontation et qu'ils y sont prêts. Nous répondons: 'Le sort du Liban, c'est la concorde", a dit avant-hier le parlementaire du Hezbollah Mohamed Raad.