Penser la formation à la même échelle que la production et le gain, tel est le message adressé par des responsables du Centre national de formation continue et de promotion professionnelle (CNFCPP) aux chefs d'entreprises présents à la journée d'information sur le financement de la formation continue, organisée récemment par l'Union régionale de l'industrie, du commerce et de l'Artisanat à l'Ariana. En effet, l'amélioration des compétences des ressources humaines constitue un créneau porteur pour développer les méthodes de production au sein des entreprises tunisiennes et par conséquent garantir l'efficience et la pérennité de l'entreprise. Et comme chaque chose a un début, les ressources humaines sont l'une des pierres angulaires de l'entreprise, et la pérennité n'est autre que la continuité, alors comment les entreprises tunisiennes assurent-elles, aujourd'hui, une formation continue à leurs compétences, pour faire la différence, demain ?
Trois mécanismes mis en place Mme Raoudha Ben Saber, présidente de l'Union régionale de l'Utica au gouvernorat de l'Ariana, a indiqué que l'objectif de cette rencontre est de mettre face à face les industriels et l'administration en vue d'exprimer les difficultés que rencontre le privé pour financer ses programmes de formation et d'identifier ensemble les meilleures solutions qui facilitent cette opération conformément aux choix nationaux, appelant à prendre en considération la concurrence de plus en plus rude que connaissent les entreprises tunisiennes aussi bien sur le marché national qu'international après l'ouverture économique. M. BelHassen Dabbebi, directeur régional au CNFCPP, a précisé que le développement des compétences des employés au sein de l'entreprise, publique ou privée, ne constitue plus un choix mais une obligation. A cet égard, l'Etat a mis en place trois mécanismes pour le financement de la formation continue. Il s'agit pour les entreprises privées quelle que soit leur taille, elles peuvent bénéficier des avantages financiers à travers : - La ristourne sur la Taxe de formation professionnelle (TFP). - Le Programme national de formation continue (PRONAFOC) lancé en 2001 au profit des entreprises non assujetties à la taxe de formation professionnelle ou assujetties à ladite taxe et ayant épuisé leur droit à la ristourne. - Le financement de la formation liée aux investissements technologiques à travers l'article 39 du Code d'incitation aux investissements pour les entreprises privées opérant dans les secteurs de l'industrie, l'agriculture et de la pêche. Pour les entreprises publiques, elles peuvent bénéficier de la ristourne sur la Taxe de formation professionnelle (TFP). Quant aux artisans et ceux qui exercent un petit métier, ils peuvent bénéficier du Programme national de formation continue (PRONAFOC). D'après les chiffres présentés, le gouvernorat de l'Ariana a reçu en 2007, près de 1856 demandes de financement par TFP, 2062 demandes de financement par PRONAFOC et 205 demandes de financement par partenariat avec les fédérations, chambres et associations professionnelles. Ces dernières ont reçu des financements de l'ordre de 35 mille dinars. Au plan national, les financements alloués pour la formation professionnelle dans le cadre du partenariat régional et national, ont avoisiné la barre de 2 milliards. Les chiffres concernant les autres mécanismes ne sont pas disponibles.
Grogne des industriels Les chefs d'entreprises ont indiqué que les bénéficiaires de ces financements sont dans la majorité des centres sectoriels de formation, des centres techniques et des instituts de promotion du travail, plus que des privés qui voient souvent leurs demandes rejetées. Ils se plaignent également de la classification, établie par les autorités compétentes, des secteurs prioritaires ayant accès aux financements de la formation. Cette classification, dis t-ils, a privé plusieurs entreprises opérant dans tel ou tel secteur de bénéficier de ces mécanismes afin de satisfaire leur besoin en formation. A noter que parmi les secteurs prioritaires figurent les industries liées au services, le tourisme et le bâtiments. A ce égard, M. BelHassen Dabbebi, a précisé que la priorité donnée à certains secteurs n'est pas aléatoire mais rime avec les stratégies et orientations de développement tracées par l'Etat et les défis imposés par la prochaine étape, soulignant que compte tenu de ses ressources financiers limitées, le CNFCPP ne pas satisfaire toute les demandes. Il a indiqué que parmi les secteurs fixés en 2008 pour bénéficier des financements à des programmes de formation figurent les industries agroalimentaires, le bâtiment et les travaux publics, le lavage sec (pressing), la forgerie, la mécanique auto et le textile-habillement. D'autres industriels ont proposé au CNFCPP de procéder davantage aux appels d'offres internationaux pour sélectionner des formateurs étrangers expérimentés pour le soutien technique et méthodique à l'identification des besoins, l'élaboration des plans, la réalisation des actions et l'évaluation de la formation, expliquant cette suggestion par le déficit des compétences tunisiennes dans certaines spécialités et des centres sectoriels et techniques à se mettre au diapason des nouvelles avancées que connaissent plusieurs secteurs aussi bien au plan matériel que les méthodes de production. A rappeler que les activités de formation éligibles au financement sont liées à la formation initiale (accueil des apprentis et des stagiaires en formation en mode résidentiel ou alternance, formation des employés dans un établissent public pou privé pour le compte de l'entreprise) et à la formation continue (identification des besoins en formation l'élaboration des plans de formation, réalisation des actions de formation, évaluation des actions réalisées et la création et le fonctionnement des structures de formation intégrées). Les demandes de financement doivent être adressées au CNFCPP ou à l'une de ses unités régionales et ce de manière individuelle ou à travers les fédérations, chambres et associations professionnelles.