Le Temps-Agences - Le chef de file de la droite italienne Silvio Berlusconi a subi un coup dur hier avec la défection de l'un de ses alliés tandis que son principal adversaire aux législatives d'avril, Walter Veltroni, dévoilait son programme pour "changer l'Italie", axé sur les baisses d'impôt. Les centristes catholiques de l'UDC ont mis fin à une alliance électorale datant de 1994 avec Berlusconi, une rupture qui n'est pas sans risque pour la droite à deux mois des législatives des 13-14 avril, bien qu'elle soit donnée gagnante par les sondages. "J'ai décidé (...) d'être candidat au poste de chef du gouvernement", a déclaré le président de l'UDC, Pier Fernandino Casini, officialisant une rupture attendue depuis plusieurs jours, lors d'un discours retransmis par les télévisions. "Nous ferons campagne avec notre symbole et notre drapeau", a-t-il souligné, rejetant ainsi l'ultimatum de Berlusconi qui lui demandait de se fondre dans le nouveau parti de droite "Peuple de la liberté" (PDL). Le PDL rassemble notamment les partis Forza Italia de l'ex-chef de gouvernement et Alliance nationale (conservateur) de Gianfranco Fini (56 ans), qui vise la succession de Berlusconi (71 ans). "Après 14 ans de collaboration, je dis à l'ami Silvio Berlusconi : tout n'est pas à vendre en Italie", a lancé Casini, dont le parti est l'héritier de la Démocratie-Chrétienne. Donnant un avant-goût de la campagne qu'il va mener contre la gauche mais aussi contre ses anciens alliés, il a qualifié le PDL "de nouvelle formation populiste et démagogique, une arche de Noé qui peut acheter les marques mais pas les hommes et les idées". Après le choix du Parti démocrate (PD) de Walter Veltroni de se présenter seul aux élections, sans alliance avec la gauche radicale, Berlusconi a lui aussi renoncé aux grandes coalitions et annoncé la création du PDL pour rassembler la droite. Outre le fait que le départ des centristes "droitise" le PDL, cette rupture n'est pas sans risque pour Berlusconi en particulier pour décrocher la majorité au Sénat. L'UDC a remporté 6,7 % des voix aux dernières législatives de 2006. Cette rupture "rend incertaine la victoire" de la droite "dans de nombreuses régions", soulignait hier le professeur de sciences politiques Roberto D'Alimonte dans le quotidien économique Il Sole-24 Ore. Mais, ajoutait-il, "Berlusconi est prêt à prendre ce risque car il ne veut pas seulement gagner mais unifier la droite". Le PD réuni à Rome pour dévoiler son programme électoral s'est aussitôt réjoui de cette "grosse épine dans le flanc" de Berlusconi, par la voix de la sénatrice Anna Finocchiaro. Acclamé par des milliers de militants et les responsables du PD, dont le chef du gouvernement démissionnaire Romano Prodi, Walter Veltroni a présenté un programme en 12 points pour "changer l'Italie", promettant plus de croissance et moins d'impôts. Il a notamment confirmé l'instauration d'un crédit d'impôt de 2.500 euros par enfant nouveau-né et promis une réduction progressive de l'impôt sur le revenu à partir de 2009. Il a aussi prôné l'instauration d'un crédit d'impôt pour les entreprises qui embauchent des femmes et l'adoption d'une loi sur l'égalité hommes-femmes sur le marché du travail. "La gauche a jeté le masque et représente le catastrophique Prodi aux manifestations du PD", a déclaré le député d'Alliance nationale, Maurizio Gasparri, ironisant sur "Walter Velprodi".