Il devient le 193e Etat indépendant au monde, mais la Serbie assure que grâce notamment au veto russe, il n'obtiendra jamais de siège aux Nations unies Le Temps-Agences - Au prix d'une guerre, au terme d'une longue attente et avec le soutien des puissances occidentales, le Kosovo a proclamé son indépendance près de neuf ans après le début des bombardements de l'Otan contre la Serbie. L'avènement du Kosovo indépendant referme un long chapitre du démantèlement de l'ex-Yougoslavie mais renforce une nouvelle ligne de front ethnique dans les Balkans. Le Kosovo est "un Etat indépendant, souverain et démocratique", a déclaré le président du Parlement, Jakup Krasniqi, à l'issue de l'adoption, par l'ensemble des 109 députés présents, de la proclamation d'indépendance. Onze membres de minorités ethniques, notamment des Serbes, étaient absents. Le Premier ministre serbe, Vojislav Kostunica, a aussitôt après condamné dans une allocution télévisée "un faux Etat" promu illégalement par les Etats-Unis "prêts à violer l'ordre international dans leur propre intérêt militaire". De son côté, la Russie, alliée de la Serbie et détentrice d'un droit de veto au Conseil de sécurité, a demandé des consultations à huis clos du Conseil de sécurité des Nations unies sur la proclamation unilatérale d'indépendance du Kosovo. Une porte-parole de la représentation russe à l'Onu a déclaré que ces consultations devraient se tenir hier. Moscou a fait savoir qu'il "soutient entièrement les revendications justifiées de la Serbie" concernant le rétablissement de l'intégrité territoriale du pays. Les Russes ont formulé l'espoir que des forces de l'Onu et de l'Otan prendraient "des mesures immédiates pour exécuter leur mandat (...) notamment en annulant les décisions des instances de Pristina". La déclaration d'indépendance du Kosovo, peuplé à 90% d'albanophones, crée un risque d'escalade dans la violence ethnique et de nouveau conflit dans les Balkans, a souligné le ministère russe des Affaires étrangères. A Washington, les Etats-Unis ont pris acte de la proclamation d'indépendance du Kosovo et salué l'engagement de son gouvernement à protéger les minorités ethniques en application des dispositions des Nations unies.
Dernier Etat Le Kosovo sera "une société respectant la dignité humaine" et il est déterminé à faire face à "l'héritage douloureux du passé récent dans un esprit de réconciliation et de pardon", assure le texte lu au Parlement par le Premier ministre kosovar Hashim Thaci. Après la Slovénie, la Croatie, la Macédoine, la Bosnie et le Monténégro, le Kosovo est le sixième Etat indépendant à s'extraire de l'orbite de Belgrade, le dernier à échapper à la Serbie. Le Kosovo devient le 193e Etat indépendant au monde, mais la Serbie assure que grâce notamment au veto russe, il n'obtiendra jamais de siège aux Nations unies. La minorité serbe du Kosovo a promis de ne jamais renoncer à cette terre où son histoire est millénaire et, rejetant l'indépendance, pourrait consacrer la partition de facto qui existe déjà entre le sud et le nord du Kosovo. Moins de la moitié des 120.000 Serbes restés au Kosovo vivent dans le Nord, tandis que les autres sont éparpillés dans des enclaves protégées par la Kfor. Cette dernière a promis de continuer à assurer la sécurité du Kosovo et a invité toutes les parties à faire preuve de retenue. Le commandement des forces de l'Otan au Kosovo, le général français Xavier de Marnhac, a prévenu que la Kfor "répondrait et s'opposerait à toute provocation qui pourrait se produire pendant cette période, aussi bien de la part des Albanais que des Serbes". L'UE a approuvé samedi l'envoi de l'"Eulex Kosovo", une force de police et de justice de 2.000 hommes, qui prendra le relais de l'Onu au terme d'une période transitoire de 120 jours suivant l'indépendance.