Le Temps-Agences - Les Etats-Unis seront aux côtés du Liberia pour l'aider à effacer les séquelles de la guerre civile, a promis George Bush à Monrovia, dernière étape de sa tournée en Afrique. "Nous voulons vous aider à vous remettre de cette période horrible", a déclaré le président américain à son homologue libérienne Ellen Johnson-Sirleaf. "Merci, M. le président", a répondu la première présidente élue d'Afrique (en 2006) à son interlocuteur. Fondé en 1847 par des esclaves américains affranchis, le Liberia, première république indépendante d'Afrique, entretient des liens étroits avec Washington, même si la visite de Bush y est la première d'un chef de l'exécutif américain depuis 30 ans. Le pays a longtemps considéré les Etats-Unis comme "un grand frère". Pendant la Guerre froide, il servait de principale base d'écoute de la CIA en Afrique. Monrovia s'est récemment dit prêt à abriter le siège d'un nouveau commandement militaire américain pour le continent, l'"Africa Command", alors que d'autres pays africains déclinaient poliment l'invitation. Une foule enthousiaste brandissant des panneaux de bienvenue a salué le convoi conduisant le chef de la Maison blanche de l'aéroport international, toujours gardé par des "marines" américains, au centre-ville. La capitale porte encore les cicatrices du long conflit qui a dévasté le pays entre 1989 et 2003 et fait 200.000 morts. Le siège du ministère des Affaires étrangères, où Bush a rencontré Johnson-Sirleaf, est entouré de cahutes de tôle. Depuis la fin des 14 années de guerre civile, les Etats-Unis ont dépensé 139 millions de dollars pour la modernisation des forces armées du Liberia, où 10.000 casques bleus restent stationnés. Bush doit par ailleurs annoncer un don d'un million de manuels et de bureaux pour 10.000 écoliers du pays. Rebecca Togbah, une femme d'affaires, se réjouit de cette visite du président américain qui, dit-elle, permettra d'ouvrir son pays sur le monde. Certains Libériens en veulent pourtant à Washington d'avoir ignoré le pays pendant la guerre civile. "Qu'avons-nous gagné de cette amitié ? Il n'y a rien que l'on puisse montrer. L'Amérique ne cherche qu'à promouvoir son propre intérêt", estime Sylvester Smith, un vendeur de journaux. Le Liberia est la dernière étape de la tournée de Bush en Afrique qui l'a déjà conduit au Bénin, en Tanzanie, au Rwanda et au Ghana. Beaucoup de commentateurs ont vu dans ce voyage une occasion pour le président Bush de faire valoir son bilan en Afrique, dans la lutte contre le sida par exemple, mais aussi d'affirmer la présence des Etats-Unis sur le continent face à la Chine, qui y a multiplié les investissements ces dernières années. Lors de son escale au Ghana avant-hier, le président américain a jugé possible que les deux puissances poursuivent leurs politiques en Afrique "sans sombrer dans une compétition excessive". La visite de Bush au Liberia succède à un voyage, il y a un peu plus d'un an, du président chinois Hu Jintao. Depuis que Monrovia a rompu ses liens avec Taiwan en 2003, les relations entre le Liberia et la Chine sont florissantes.