Je suis un lecteur habituel de votre journal que je trouve plus riche en informations que d'autres en Tunisie mais aujourd'hui, en voyant le titre en première page « On m'a accusé d'avoir assassiné tous les membres de ma famille... seulement parce que je suis arabe » Je me suis senti trahi, en tant qu'italien, de la façon dont vous avez présenté et titré l'interview avec Azouz Marzouk. Tout d'abord je me joins à la grande majorité de mes concitoyens en exprimant mes condoléances à M. Marzouk et mon indignation pour ce meurtre abominable dont il est certainement la principale victime. Mais ce n'est pas vrai qu'il a été accusé d'en être le coupable. Il a été suspecté, en tant qu'absent, dans les tous premiers moments de l'enquête, ainsi qu'on suspecte tous les proches et connaissances des victimes en cas de meurtre. M. Marzouk lui-même reconnaît qu'il a été simplement conduit chez un juge d'instructioin pour recueillir ses déclarations. D'ailleurs les enquêteurs ont tout de suite suivi d'autres pistes et sont parvenu en peu de temps à écrouer les vrais coupables. Il est vrai que certains journaux italiens, le premier jour, ont présenté M. Marzouk d'on œil malveillant et que la façon dont ils ont relaté son cas ressentait du biais avec lequel on traite souvent les immigrés (qu'il soient arabes ou non). C'est du mauvais journalisme dont notre pays n'est certainement pas immunisé comme il n'est pas immunisé, malheureusement, de groupes racistes, comme tous les pays du monde. Mais la grande majorité des italiens ne le sont pas et les excuses publiques à M. Marzouk ainsi que les multiples gestes et manifestations de sympathie et de chagrin qu'il a eu en Italie par la suite, le prouvent. D'ailleurs M. Marzouk ne continuerait pas à considérer l'Italie comme son second pays s'il n'en fut pas traité avec respect. C'est de la même façon que je considère la Tunisie comme mon deuxième pays Francesco Paterno N.D.L.R Nous remercions notre lecteur italien pour sa fidélité à notre journal. Le pauvre Marzouk a subi une injustice qu'un Etat de droit comme l'Italie a vite fait de réparer. Il faut aussi le comprendre lorsqu'il lit des manchettes quelques part « racistes » barrant certains journaux. C'est cet amour pour l'Italie qui lui fait dire ce qu'il a dit. Vous autres Italiens appelez cela : « Lo Sfogo » : en français celà signifie un cri de rage... Sinon il aime son Italie comme vous, vous aimez votre Tunisie. C'est un honneur pour nous, pour les relations entre les deux pays de voir qu'une avenue en Italie est baptisée au nom de notre Président. Et chez nous, il y a la rue Garibaldi, la rue de Rome et maintenant, une rue Bettino Craxi à Hammamet. Nous vous aimons et vous nous aimez. Tout le reste est vanité.