Qui est David et qui est Goliath ? Encore un mythe hébreu qui tombe parce que le Sionisme c'est, d'abord, un nationalisme arrogant, un impératif expansionniste et, le tout, régulé par un Etat-voyou. Donnons les mêmes armes aux Palestiniens et voyons si les soldats israéliens se proclameront encore de cette invincibilité qui conditionne les Etats arabes, mais, certainement pas ces enfants, ces femmes, ces hommes qui n'ont que des roquettes ou de la pierre à jeter sur les chars israéliens. On le sait et cela a été historiquement vérifié : les Israéliens font subir à leurs victimes ce que le Pharaon, puis Hitler, avaient fait subir à leur peuple, un peuple élu, mais maudit par son libérateur Moïse. Alors qu'une tragédie humaine (la énième tragédie) se déroule à Gaza, et que la population palestinienne y reste cloîtrée, sans vivres, sans électricité, sans eau, sans médicaments, la Croix Rouge se dit incapable d'y acheminer ses effectifs pour secourir les blessés. Toutes les autres associations se taisent. La Maison-Blanche et Paris demandent l'arrêt de la violence « aux deux parties », alors que l'armée israélienne procède, tranquillement, à un massacre. Devant chaque maison, à Gaza, se place un char qui interdit l'ouverture des fenêtres et des portes. Quartiers assiégés. Bande de Gaza verrouillée. Comme le faisait le Général de Hitler dans le célèbre film « La nuit des généraux » avec les chars de Peter O'toole, qui crachaient le feu sur le ghetto de Varsovie. Ils se vengent de qui, et sur qui ? Peut-on encore compatir à la Shoah si les rejetons de ses prétendues victimes rééditent les mêmes scénarios ? Le « droit d'Israël » à la sécurité se traduit par une guerre permanente livrée aux femmes et aux enfants, en toute impunité, et avec des armes disproportionnées. Est-ce punir le Hamas que de massacrer les civils de Gaza ? Nous croyions les Israéliens plus intelligents. Ils savent que les Palestiniens résisteront jusqu'au dernier souffle, jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme et jusqu'au dernier enfant. Ils se savent aussi vulnérables : l'invincibilité de leur armée a bel et bien été démystifiée par les résistants libanais, il y a deux ans. Et si Arafat a créé la génération de l'Intifadha, ce sont les outrances sionistes qui ont stimulé la naissance d'une nouvelle race de kamikaze. C'est déplorable. Nous sommes, désormais, dans un cours irréversible de l'Histoire. Et sans trop donner d'importance à la péremptoire hypocrisie de Washington et de Paris, ce silence quasi universel face à ce nouvel « holocauste » est, sans doute, le meilleur service qu'on puisse rendre aux Palestiniens. Ils savent – et Mahmoud Abbès, en premier - qu'ils ne peuvent plus compter sur personne. Au Québec, fin des années 60, lors de la Conférence sur la Francophonie, la diplomatie américaine avait tout fait pour que Bourguiba reçoive Golda Meyer. Il a refusé. Et il déclarait que les victimes du nazisme imitaient leurs bourreaux d'hier. Démonstration succincte, mais lourde d'histoire. Et, à défaut de retour au partage de 48, Bourguiba indiquait aux Palestiniens de poursuivre leur lutte de guérillas. Aujourd'hui, les Palestiniens sont dans la psychologie de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Ils savent que c'est un duel inégal. Sans le soutien et les satellites américains, l'armée israélienne ne vaudrait rien. Et M. Bush, architecte du chaos universel du troisième Millénaire, celui qui a pratiquement jeté aux orties Oslo I et Oslo II, et tout fait pour éliminer un interlocuteur historique (Arafat), se met à parler en vœux pieux, comme le Pape. Or, il s'agit du massacre de 70 civils palestiniens. Mais si un kamikaze palestinien s'était fait exploser à Tel-Aviv, la planète entière aurait crié au terrorisme. Mais, là, il ne s'agit pas de crimes de guerre. Il s'agit « du-droit-d'Israël-à-la-sécurité-et-à-l'autodéfense »... Et la Convention de Genève sait attraper quelques crises d'amnésie.