A La Marsa, les trous font parti du paysage et du quotidien de tout conducteur et piéton. En quittant les grandes artères de la ville touristique, un autre spectacle s'offre aux yeux ou plutôt aux roues et aux pieds des gens de passage, « au public non-averti » qui emprunte les routes secondaires : des creux de différentes tailles et formes tapissent les chaussées. Véritables traquenards, ils surprennent les usagers qui, pris au dépourvu et n'ayant pas souvent le temps de réagir, se trouvent pris au piège. Combien de voitures ont été ainsi endommagées ? Combien de piétons ont eu des lésions et des fractures, suite à une mauvaise chute causée par un pied coincé dans un trou ? Personne ne peut en établir un nombre exact. Chaque rue possède sa particularité, chaque rue cache une désagréable surprise. Dans la rue El Khansa à la Corniche, un trou ne cesse de s'agrandir. A sa vue, on pourrait l'assimiler aux dizaines de creux qui rendent si particulière La Marsa. Mais hélas, il se différencie des autres par son aspect intrigant, voire dangereux. En effet, sous la couche d'asphalte, c'est un gouffre qui s'est formé. Un gouffre qui ne cesse de gagner du terrain. Jour après jour, le « cratère » s'élargit et le terrain s'affaisse, se rapprochant des habitations, allant jusqu'à détruire une partie du trottoir. L'origine de « cette gangrène » est une canalisation qui s'est rompue en été ; le tuyau a été certes remplacé ; cependant, le mal perdure encore puisque le travail n'a pas été achevé et le trou n'a pas été comblé. Les réclamations verbales auprès des autorités sont tombées dans l'oreille d'un sourd. Prenant l'initiative, les principaux affectés par cette ignominie (dont le danger menace directement l'habitation) ont essayé de combler la brèche par deux socles en béton armé, socles vite happés par le gouffre. Cette constatation invite à la méditation quant à l'ampleur des dégâts qui trament sous la chaussée. Une réclamation écrite a été adressée aux autorités concernées. Maintes allées et venues pour rencontrer les responsables ont été effectuées, puis une réponse est tombée : « budget insuffisant ! » Une réponse ou plutôt un verdict qui condamne les riverains de la rue El Khansa à La Corniche. Une réponse aussi éloquente que le silence enregistré préalablement pour les réclamations verbales. Face à ce mutisme des autorités, à qui s'adresser ? A quel saint se vouer ? Interrogé, un architecte ne cachera pas que cet affaissement de terrain est un sérieux danger et qu'avec le temps, s'il rentre en contact avec la mer, toutes les maisons de la rue seront dans une situation critique, ce qui représentera une menace immédiate pour tout habitant. Alors à quoi devrons-nous nous attendre dans les prochains mois ? A quelle catastrophe environnementale assisterons-nous ? Que sera le sort des riverains, face au « budget insuffisant » ? Autant de questions qui demeurent sans réponses, autant d'interrogations qui restent suspendues. « Budget insuffisant » est une réponse qui fait froid dans le dos quand on pense aux conséquences d'un tel désastre écologique car le souci premier n'est nullement un souci esthétique mais principalement vital. Pendant ce temps, cette gangrène continuera à répandre son infection et le « cratère » ne cessera de s'élargir sous l'œil indifférent des autorités, sous le regard impuissant des riverains...