* Prêche du vendredi, sur la base de supports pédagogiques appropriés La lutte contre le SIDA fait l'objet d'un programme national lancé l'année dernière et qui se poursuivra jusqu'en 2012. Plusieurs acteurs sont impliqués dans cette démarche, notamment les ministères et les ONG. La sensibilisation contre les maladies sexuellement transmissibles passe à travers plusieurs canaux, notamment les hommes de religion. D'ailleurs c'est dans ce cadre que s'inscrit l'atelier régional sur le discours religieux et la prévention contre les maladies sexuellement transmissibles, le SIDA et la cohabitation avec les atteints de la maladie organisé, hier à Tunis. Les Imams prédicateurs évoqueront dorénavant un sujet qui a toujours été tabou. Les prêches du vendredi, lieu du culte seront aussi un espace de sensibilisation contre les maladies sexuellement transmissibles. Mais les Imams maîtrisent-ils convenablement les techniques de communication pour parler audacieusement de ce problème ? « En Tunisie, 1428 personnes sont atteintes du SIDA. 70 nouveaux cas ont été enregistrés lors de la dernière décennie ». Ces chiffres ont été présentés, hier par M. Mondher Zenaïdi, ministre de la Santé publique lors de l'ouverture de l'atelier régional sur le discours religieux et la prévention contre les maladies sexuellement transmissibles, le SIDA et la cohabitation avec les atteints de la maladie. Puisque la lutte contre cette maladie ravageuse relève de la responsabilité de tous, les Imams prédicateurs sont désormais, impliqués dans ce processus de sensibilisation. En effet, ils seront des membres actifs dans le programme national de lutte contre le SIDA. D'ailleurs, le premier rendez-vous se faisait hier, avec les Imams du Grand-Tunis. Cinq autres rencontres auront lieu dans différentes régions de la République et ce jusqu'au mois de juillet. Certes, ces partenaires ont un rôle très important dans la sensibilisation contre les maladies sexuellement transmissibles et le SIDA ainsi que la prise en charge des atteints de cette maladie. La religion musulmane appelle à la vertu à la droiture et à la fidélité. « Une fois appliquées, ces valeurs protègent les individus contre les maladies sexuellement transmissibles », selon Mme Mongia Souayah. En parlant de « l'Islam, le SIDA et la prise en charge des malades », Mme Souayah a cité quelques versets coraniques et Hadidhs (actes et paroles du Prophète Mohamed) incitant à la pudeur, la sainteté et l'honneur. L'islam prohibe les écarts sexuels, l'homosexualité, l'adultère...ces chemins qui représentent un vrai risque pour attraper l'une des maladies sexuellement transmissibles. Ainsi, les Imams prédicateurs sont-ils censés attirer l'attention des jeunes quant aux dangers de ces comportements non contrôlés, même les hommes mariés n'y échappent pas. Ces derniers sont appelés de leur côté à être fidèles et de ne pas prendre le risque d'avoir des relations hors mariage. Le prêche de vendredi, lieu de culte joue un rôle important non seulement dans la sensibilisation contre cette maladie, mais également quant à la prise en charge des porteurs du virus du VIH. Cette population est très souvent rejetée par la société. Elle trouve des vrais problèmes d'intégration dans le tissu social faute de conscience. Par contre la religion musulmane se base entre autres, sur la solidarité, la tolérance et l'acceptation d'autrui. Attirer l'attention des jeunes quant aux dangers des rapports sexuels non protégés et hors mariage est d'une importance majeure. Le discours religieux est l'un des moyens pour inculquer auprès de cette population des comportements équilibrés et sains. Ainsi, il est essentiel de bien étudier le contenu du message qui leur sera adressé lors des prêches du vendredi. Encore faut-il que les imams soient suffisamment outillés pour parler d'un tel sujet D'où, l'importance de les former quant aux techniques de la communication, surtout que cette rencontre hebdomadaire réunit toutes les tranches d'âges, jeunes, adultes, personnes âgées qui risquent de mal interpréter cette question sensible. Si le ministère de la Santé publique a établi en partenariat avec d'autres intervenants notamment, le ministère des Affaires religieuses, l'ONFP un programme de lutte contre le SIDA c'est pour cerner ce problème à tous les niveaux. En fait, plusieurs populations seront touchées par ce programme quinquennal appuyé par le Fonds Global de Lutte Contre le SIDA, la Tuberculose et la Malaria. Il s'agit essentiellement des homosexuels, des toxicomanes qui se droguent par injection ainsi que celles qui monnayent leur charme clandestinement. Le dépistage précoce de cette maladie est très important. Car c'est l'un des chemins qui permet de limiter la propagation de cette maladie lourde de conséquences. Cibler toutes franges de la société et toutes les tranches d'âge est un travail qui nécessite l'implication des différents acteurs. Et ce sera le cas en Tunisie durant les quatre prochaines années.