La décision de la Ligue Nationale du Football Professionnelle de décréter le huis clos pour le derby Club Africain-Espérance de Tunis, comptant pour les 1/16ème de finale de la Coupe de Tunisie, ne cesse d'alimenter les discussions et de faire couler beaucoup d'encre. Voilà une vraie finale dont le large public va être privé sans être mêlé ni de près ni de loin à l'acte, certes répréhensible, mais isolé, d'un supporter qui a eu la fâcheuse idée de lancer un projectile (quel qu'il soit) sur le terrain. Le sentiment de frustration n'a pas manqué d'envahir les partisans des deux camps, voire la large famille sportive. En somme, tous ceux qui, au soir du tirage au sort, ayant mis face à face les deux frères ennemis, attendaient avec impatience le jour du match. Ne serait-ce que pour se délecter, une fois de plus, de cet incontournable rendez-vous dont la ferveur et la passion n'atteignent un tel paroxysme nulle part ailleurs. Mais, voilà, par la faute d'un inconscient, on sanctionne pas moins de 50.000 personnes. Et c'est là le paradoxe d'un règlement ayant glissé parmi un ensemble de règles adoptées par des représentants de club, qui n'ont jamais le souci du détail mais qui se préoccupent essentiellement de sujets servant leur intérêt général. Et ce n'est que lorsque les problèmes apparaissent, qu'ils se rendent compte qu'ils auraient dû faire un peu plus attention à la chose. Quand il est trop tard. A la prochaine occasion, lors du Conseil fédéral à venir, ce point fera sûrement l'objet de débats plus sérieux et des sanctions mieux adaptées seront adoptées. Mais, entre temps, on ne peut que se soumettre à la loi et la respecter, aussi aveugle soit-elle.
Un manque à gagner énorme !
Sauf qu'il y a peut-être, moyen de sauver le derby de la Coupe du huis clos. En effet, s'agissant justement d'un match de Coupe, une tierce partie se trouve concernée par la sanction, la Fédération Tunisienne de Football. Notre instance fédérale, se trouve en effet dans la peau de la victime, et avec elle tous les clubs qui ont participé à l'épreuve de Coupe, en tant qu'organisatrice de l'événement et donc, principal bénéficiaire des recettes. A travers la sanction du huis clos, on cherche à réprimer le club incriminé, en l'occurrence le Club Africain, mais en réalité on se retrouve à punir une multitude de parties. En fait, le Club Africain aura à subir autant de dommages, sinon moins, que l'ensemble des équipes concernées par la quote-part qui leur est reversée par leur participation à la Coupe de Tunisie. Or, en principe, l'idée d'imposer des règles qui sanctionnent les débordements des supporters tient son essence au fait que les clubs sont les organisateurs de leurs matches de championnat à domicile. Le huis clos viserait normalement à les priver des recettes générées par les matches concernés par la sentence. Donc, rien à voir avec la Coupe de Tunisie, épreuve du seul ressort de la Fédération de Football dont on ne voit pas le tort dans cette affaire. D'autant plus que les recettes générées par l'ensemble des rencontres de l'épreuve sont équitablement réparties sur les clubs participants, en fonction du nombre de matches disputés. Et quand on sait qu'un derby Club Africain-Espérance de Tunis joué à Radès, peut laisser dans les caisses, au bas mot, un demi million de dinars, imaginez le manque à gagner pour tout le monde du football ! Et encore, notre pauvre fédération n'est pas au bout de ses peines, puisque, non seulement elle se voit priver d'un tel pactole, mais en plus elle doit y aller de sa poche conformément aux règlements. En effet, l'article 141 du code disciplinaire prévoit que c'est la FTF qui prend en charge l'accès au stade lorsque le huis clos est prononcé. Soit une somme de 20.000 dinars pour la seule location du stade 7 Novembre de Radès, sans compter les frais d'organisation supplémentaires. Non content de priver tout le monde d'une rentrée d'argent conséquente, ce satané huis clos est en plus, source de dépenses fastidieuses. Vu les dégâts, on se demande comment la fédération accepte de laisser dépouiller de la sorte. Et de surcroît de la part d'une Ligue sur laquelle elle a normalement autorité. Le comble de l'absurdité ! Mais les règlements sont les règlements !