C'était au mois de mars de l'année dernière quand elle s'était déplacée à L'Ariana pour rendre visite à son neveu souffrant. En fait, elle se devait d'accomplir ce devoir familial pressant, d'autant que ce dernier tenait souvent à prendre des nouvelles de sa tante, vraiment prévenante, et qui ne manquait pas de lui offrir ce dont il avait besoin. Une complicité étroite s'était établie entre eux et lorsqu'elle sut qu'une maladie l'avait alité, elle s'empressa de voler à son secours, pour atténuer ses souffrances. Elle avait oublié la notion du temps qui s'égrenait inexorablement, sa préoccupation majeure étant de soulager son neveu chéri, brûlant de fièvre et terrassé par une anémie soudaine. La nuit commençait à envelopper le quartier quand son frère lui rappela qu'elle avait laissé à la maison ses deux petites filles seules. La quadragénaire divorcée se résolut alors à souhaiter un prompt rétablissement à l'enfant, avant de prendre congé de son aîné. Elle ne savait pas alors que le destin lui cachait à ce moment là les pires instants de sa vie qu'elle allait vivre d'une manière dramatique, sans qu'elle puisse malheureusement avoir la capacité de faire quoi que ce soit, pour échapper aux crocs de ses ravisseurs. En effet, à peine avait-elle accompli quelques pas dans l'obscurité que deux silhouettes à l'allure féline firent leur apparition avec un tesson à la main. On aurait dit qu'elles sortaient de leur tanière pour happer tout ceux qui s'en approchaient. La pauvre femme comprit alors qu'elle ne devait son salut qu'en pressant le pas. Vainement, car les deux énergumènes, à la démarche suspecte et visiblement éméchés, la rejoignirent rapidement avant de l'obliger sous la menace à les suivre dans un endroit très retiré, à la lisière de la campagne environnante de L'Ariana. Là dans un taudis en ruines, ils la séquestrèrent jusqu'à l'aube, en se relayant à plusieurs reprises pour assouvir leurs instincts bestiaux. Ayant été relâchée dans un piteux état, elle s'adressa au premier poste de police où elle porta plainte contre ses violeurs. De longues investigations aboutirent ensuite à l'arrestation des deux ravisseurs qui ont été formellement reconnus par la victime. Contre toute attente, ils déclarèrent qu'ils avaient cru avoir à faire à une fille de joie et qu'ils n'ont utilisé que des menaces verbales pour parvenir à leurs fins. La chambre d'accusation a retenu les chefs d'inculpation d'enlèvement avec violences, de séquestration et de viol à leur encontre. Les deux accusés comparaîtront bientôt devant le tribunal de première instance de Tunis.