A l'image d'autres expériences régionales, le commerce semble être en voie de réussir la réalisation de la construction maghrébine, là où, 18 ans après la fondation de l'Union du Maghreb Arabe , l'action politique n'a pas , encore, enregistré , dans ce domaine, des résultats spectaculaires, à en juger par les nombreux projets tendant à la libéralisation totale des échanges commerciaux entre les pays maghrébins examinés par le Conseil des ministres maghrébins chargés du commerce, réuni, ce jeudi 25 janvier 2007, à Tunis, en session ordinaire. Aussi, les chefs des délégations des cinq pays maghrébins ayant pris part à la réunion ainsi que le secrétaire général de l'UMA ont salué ces initiatives, disant, franchement, y fonder de grands espoirs pour rattraper le retard mis, inutilement, dans l'édification de l'espace maghrébin.
Du concret Il s'agit de M.Mondher Zénaidi, ministre du commerce et de l'artisanat de Tunisie et président du Conseil, Hachemi Jaghboub, ministre du commerce d'Algérie, Mustapha Machhour, ministre du commerce extérieur du Maroc, Ba Abderrahmane, ministre du commerce, de l'artisanat et du tourisme de Mauritanie , Achour Imrajâa Bais, responsable au secrétariat populaire général de l'économie, du commerce et de l'investissement de la Jamahyria libyenne, et Habib Ben Yahia, secrétaire général de l'UMA. Un des projets décidé, la création d'une banque maghrébine pour le commerce extérieur et l'investissement, va être, incessamment, traduit dans les faits. L'autre initiative, la plus prometteuse, sans doute, porte sur l'institution d'un Conseil maghrébin des hommes d'affaires, appelé '' l'Union du Maghreb Arabe des hommes d'affaires'' et elle va être, solennellement, concrétisée, le 17 février 2007, jour anniversaire de la fondation de l'UMA, à Marrakech, au Maroc, par la proclamation de la fondation de ce Conseil, très probablement en présence des ministres maghrébins chargés du commerce. L'annonce collective de cet évènement, au cours de la réunion, avec une satisfaction perceptible sur la bouche de tous les orateurs, a été une occasion pour mettre l'accent sur le rôle que peut et doit, désormais, remplir le secteur privé dans la réalisation de l'intégration économique maghrébine, comme étape décisive vers l'accomplissement de l'objectif ultime, en l'occurrence le Maghreb sans frontières. A vrai dire, un même langage a été tenu par tous les chefs de délégations à ce propos, s'agissant, en particulier, du caractère stratégique de l'Union du Maghreb Arabe , dans un contexte marqué par la mondialisation et les tendances des Etats à se regrouper au sein d'espaces et d'ensembles régionaux capables de relever les défis de l'étape, et les enjeux de l'émulation internationale qui ont révélé, ouvertement, leur nature économique et commerciale, au-delà des masques politiques.
Démarche à quatre étapes Pour assurer cette première intégration maghrébine de dimension économique et commerciale, les équipes de travail constituées en vue d'élaborer les projets signalés, ont proposé une démarche à quatre étapes dont la première porte sur l'instauration d'une zone de libre échange, suivie d'un démantèlement total des tarifs douaniers, puis la création d'un marché maghrébin commun et enfin, comme ultime étape, la mise en place d'une Communauté économique maghrébine. Un projet du cadre juridique devant régir la zone de libre échange a été préparé et soumis au Conseil. Or, la part des échanges commerciaux intermaghrébins dans le commerce extérieur des pays maghrébins représente, actuellement, à peine, 3%, alors que dans l'espace économique des pays d'Amérique latine, créé, en même temps, que l'UMA, la part des échanges commerciaux entre les pays qui le forment, a grimpé à 13%. Les échanges commerciaux entre les pays de l'Union européenne représentent 60% du commerce extérieur de l'Union européenne, tandis que les échanges commerciaux entre les pays de l'espace économique de l'Asie de l'Est représentent 23% de leur commerce extérieur. Puis, contrairement à de fausses idées sur la similitude des économies maghrébines comme étant la cause de la faiblesse de leurs échanges commerciaux, les études pertinentes ont établi que les indicateurs de complémentarité entre les pays maghrébins sont aussi forts, voire plus forts, que pour les autres espaces et ensembles régionaux, dans le monde.