L'être humain a tendance à vouloir plus que ce dont il dispose, qu'il soit démuni ou nanti. Alors que dire d'une jeune femme veuve ayant trouvé refuge chez une famille qui l'a accueillie à bras ouverts pour la loger, la nourrir, la vêtir et la soigner lorsqu'il le faut, en contrepartie d'une petite aide en faveur de la maîtresse de céans. Faisant œuvre de bienfaisance, sa patronne a consenti à lui offrir bénévolement le gîte ainsi qu'à ses enfants en bas âge, dans la chambre de gardiennage, située dans le jardin de sa villa cossue d'El Menzah. Depuis sa prise en charge, elle donnait entière satisfaction, en s'appliquant avec zèle dans son travail d'aide-ménagère. Ainsi, son programme quotidien intelligemment tracé, elle mena une vie tranquille, partageant ses heures entre la famille qui l'a accueillie et sa propre famille. Toutefois, au fil des années, elle ressentit le fardeau de ses enfants peser sur ses épaules, d'autant qu'elle se trouvait le plus souvent confrontée à des difficultés financières inextricables. L'idée saugrenue de voler ses employeurs lui effleura alors l'esprit, alors que ces derniers lui avaient fait totalement confiance. Au lieu de leur demander davantage d'aide en leur confiant ses soucis pécuniaires, elle a préféré lorgner du côté du coffret à bijoux de sa bienfaitrice. Ce qui devait la perdre. Elle n'attendit pas longtemps l'occasion propice pour commettre son méfait puisque, profitant d'une absence momentanée de sa maîtresse, sortie de la maison pour faire une course urgente, elle s'introduisit furtivement dans la chambre à coucher et s'empara de tous les bijoux qui se trouvaient dans la boîte. Une erreur fatale qu'elle va ultérieurement payer cher. Invitée une soirée à une cérémonie de mariage, la maîtresse de céans s'aperçut du larcin. Du coup, ses soupçons se portèrent naturellement vers la femme de ménage qu'elle considérait comme faisant partie intégrante de la famille. Ce fut la déchéance pour la quadragénaire qui, accusée par sa patronne du vol de ses bijoux, ne tarda pas à reconnaître son forfait qu'elle expliqua par les besoins impérieux auquel elle avait à faire face quotidiennement. A l'audience de la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, elle renouvela ses déclarations antérieures et demanda pardon à la cour, tandis que la défense sollicita, de son côté, les circonstances atténuantes pour l'accusée qui a commis le seul faux-pas de sa vie. Le verdict sera rendu après les délibérations d'usage.