Programmée et annoncée depuis longtemps, la mise à niveau des petits commerces de détail communément appelés « épiceries » tarde à venir, en Tunisie, au moment où, partout, dans le monde, le rôle des circuits de distribution suscite le mécontentement des consommateurs, face à la flambée générale des prix. En effet, un programme national de mise à niveau de l'ensemble des circuits de distribution a été engagé, il y a quelques années, à coup d'études et d'interventions de toutes sortes, ciblant, entre autres, les petits commerces de détail dont le nombre s'élève à près de 200 mille, dans l'ensemble du pays.
Une préservation au service de toutes les parties Or, à part des rénovations et des agrandissements apportés à l'infrastructure du marché du gros de Bir el Kassâa et de quelques autres marchés municipaux parmi lesquels le marché central de Tunis, rien de vraiment consistant n'a été réalisé dans ce cadre, en particulier au profit des petits commerçants de détail, sans cesse menacés par la concurrence que leur livrent les supermarchés et les hypermarchés en pleine extension. Justement, l'action de promotion projetée est appelée à préserver ces petits établissements commerciaux de proximité, en renforçant leur compétitivité. D'autant que les grandes surfaces tendent à revendiquer, aussi, cette vocation de proximité, en cherchant à se rapprocher davantage du consommateur sur le plan géographique et commercial, grâce à la diversification des produits proposés et au recours à des actions promotionnelles de fidélisation. D'ailleurs, un petit commerçant de la banlieue nord de Tunis nous a avoué franchement que la grande distribution constitue la plus sérieuse menace pesant sur le petit commerce de détail. « Pour acheter leurs provisions du mois, les citoyens s'adressent de préférence aux grandes surfaces et aux hypermarchés récemment implantés », nous a-t-il dit. « Ils croient faire des affaires, mais ils se trompent, car, en calculant tous les frais occasionnés par ce mode d'approvisionnement, comme les frais inhérents au transport, ils se trouvent souvent perdants, a-t-il ajouté, signalant le cas de certains citoyens qui ont arrêté d'y recourir, après avoir constaté qu'ils sortent perdants dans l'opération. D'après lui, les prix pratiqués par les petits commerçants concernant plusieurs produits comme les détergents sont moins chers que ceux des grandes surfaces.
La vente à crédit atteint les 125d pour un seul client Puis, malgré les aléas, les petits commerçants continuent de pratiquer la vente à crédit pour les clients de confiance. Les ventes à terme ou à crédit atteignent jusqu'à 125 dinars par mois pour un seul client. Aussi, la mise à niveau du petit commerce de détail semble être une action d'utilité publique, et elle l'est, réellement, en raison de cette fonction économique et sociale de grande importance qu'il remplit. Comme l'a fait remarquer un citoyen interrogé, il y a toujours une place pour les bons commerçants qu'ils soient grands ou petits. La menace qui les guette est, cependant, réelle. Outre l'évasion de la clientèle et le rétrécissement de leur part du marché, les petits commerçants ne sont pas, non plus, à l'aise, dans leur travail. Beaucoup d'entre eux travaillent de six heures du matin jusqu'à minuit, pratiquement sans interruption, debout, derrière leur comptoir. Ils n'ont pas de vie familiale de sorte que certains d'entre eux auraient préféré être de simples employés de bureaux assujettis à un horaire fixe et bénéficiant d'un salaire mensuel, que de trimer, ainsi, à longueur de journée, sans grande perspective d'amélioration, en vue. Toutefois, cette situation ne peut pas occulter les carences du petit commerce et la nécessité de sa mise à niveau pour répondre aux attentes des citoyens et devenir une profession agréable et rentable à ceux qui la pratiquent. A cet égard, les citoyens interrogés estiment que l'action de promotion et de mise à niveau doit être axée sur les aspects relatifs à la transparence des transactions, la propreté des lieux, des corps et des tenues et enfin la qualité des services.