* 19 réunions n'ont pas suffi pour trouver un terrain d'entente sur la question du droit syndical * Plus d'un million de salariés attendent le démarrage des négociations sectorielles sur les 51 conventions collectives. * Du côté de l'UTICA : « Plus d'un million de salariés sont impatients de nous voir soucieux de leurs intérêts vitaux dans les conventions sectorielles » * Du côté de l'UGTT : « Un cadre juridique approprié aiderait à bien entamer les négociations sectorielles » Tout le monde du travail s'attendait à ce que les partenaires sociaux fassent un geste de compromis dans le 7ème round des négociations sociales à la veille du 1er mai. Mais, rien n'en fût et même la dernière réunion qui a regroupé les délégations du patronat et des salariés auprès du ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l'Etranger n'a pas abouti à un compromis. Les deux délégations se sont donné un nouveau rendez-vous demain après une pause qui a duré plus d'une semaine. Donc, le marathon reprendra demain avec une vingtième réunion. Les 19 premières réunions ont permis aux observateurs de constater que l'application de la convention internationale N°135 dans le monde du travail pose des problèmes pratiques. Ladite convention a été signée par la Tunisie en 2004. Elle a été adoptée en 2006 par les Chambres des députés et des conseillers. En tant que convention internationale, elle est plus forte que les lois internes. A ce niveau, le différend porte sur les applications pratiques de cette loi en matière de droit syndical et protection des responsables syndicaux. La question de la retenue à la source des cotisations syndicales n'a pas été, elle aussi, résolue. Ces problématiques représentent les principaux obstacles qui ont empêché d'appliquer les termes de l'accord-cadre du 18 février dernier stipulant d'entamer les négociations sectorielles le 24 mars. Or, cette phase n'a pas encore commencé alors que le 1er mai fait déjà partie du passé. La convention-cadre n'a pas été encore élaborée malgré les 19 réunions de négociations.
Du côté de l'UTICA : « Plus d'un million de salariés sont impatients de nous voir soucieux de leurs intérêts vitaux dans les conventions sectorielles » Les représentants de l'UTICA pensent que les conventions sectorielles représentent un intérêt évident pour les salariés : « Elles vont permettre d'augmenter les salaires. Personne ne peut nier que ce volet constitue le principal volet des négociations. C'est celui qui accapare la plus grande plage horaire et suscite les plus grandes tractations. Les négociations sociales sont synonymes de révision des salaires chez le commun des salariés». Les représentants de l'UTICA ne nient pas l'importance du côté procédural : « la question de la réglementation de l'action syndicale nous intéresse en tant que responsables des entreprises », estiment des professionnels. Mais, ils trouvent que ceci ne saurait justifier le retard des négociations sectorielles : « Il est toujours possible de continuer à négocier sur des questions comme le droit syndical et la formation professionnelle, tout en entamant la phase des négociations sectorielles. Autrement, nous ne voyons pas pourquoi la révision des salaires se ferait à partir du 1er mai alors que les représentants des salariés relèguent cette question à l'arrière-plan ? Soit ils discutent des salaires, donc, ils entament la phase des négociations sectorielles. Autrement, ils doivent assumer le refus de ne pas entamer les négociations sur ce volet et se limiter à des pourparlers de principe. Dans ce cas, l'application des augmentations se ferait à partir de la date du début des négociations sectorielles. »
Du côté de l'UGTT : « Un cadre juridique approprié aiderait à bien entamer les négociations sectorielles » La direction de l'UGTT n'a cessé d'affirmer son attachement aux négociations sectorielles et à l'amélioration du pouvoir d'achat des salariés : « Nous avons tracé comme objectif d'aider les salariés à faire face à la hausse des prix et, notamment, celle des produits de base. Nous sommes conscients que ce 7ème round des négociations sociales va permettre aux salariés de compenser en quelque sorte les charges occasionnées par l'inflation galopante ». L'UGTT aspire, aussi, à améliorer les législations en vue de protéger le responsable syndical et de permettre aux salariés de bénéficier d'emplois stables. En plus, la centrale syndicale déplore l'expansion du phénomène de la précarité de l'emploi et de l'importance de plus en plus accrue des sociétés de services qui sous-traitent la main-d'œuvre. Concernant les priorités, la centrale syndicale estime que toutes les problématiques sont enchevêtrées et on ne saurait les dissocier du droit syndical. Ainsi, la question du droit syndical ne saurait être dissocié de la révision des salaires, selon les syndicalistes. Toutefois, l'UGTT paraît se diriger vers des négociations sectorielles en parallèle avec la poursuite des pourparlers sur la « tunisification » de la convention internationale N°135. Certaines sources proches de la centrale syndicale croient savoir que cette question sera tranchée en parallèle avec l'avancement des négociations sectorielles. Toutefois, l'UGTT tient, semble-t-il, à ce qu'aucune convention sectorielle ne soit signée tant que cette question du droit syndical ne soit pas tranchée.