Parce qu'ils représentent 14% des personnes porteuses de handicap en Tunisie, selon les statistiques officielles publiées, les sourds-muets et malentendants ont recommandé, à plusieurs reprises, d'introduire le langage des signes dans les programmes d'enseignement. Il s'agit, essentiellement, de concevoir une pédagogie numérique susceptible de vulgariser, autant que possible, la langue des signes, mais aussi de la traiter sur des supports multimédias interactifs aux fins d'assurer à ces personnes à besoins spécifiques une intégration éducative et sociétale. Par définition, la langue des signes désigne l'une ou l'autre des langues gestuelles (il est produit par les mouvements des mains, du visage et du corps dans son ensemble) que les personnes atteintes de surdité ont développé pour communiquer. Elle assure toutes les fonctions remplies par les langues orales. Dans cette perspective, le Centre de promotion sociale de la Manouba a organisé une première session d'apprentissage du langage des signes en vue de développer les capacités intellectuelles des sourds-muets et malentendants de manière à réduire l'analphabétisme chez cette catégorie qui est estimée à la hauteur de 90%. Près de 24 personnes bénéficient de cette formation financée par le Fonds national de l'emploi (FNE). Toutefois, de nombreux éducateurs et sociologues ont souligné la nécessité de renforcer la complémentarité entre la famille et les structures spécialisées en vue d'encadrer au mieux les handicapés et de les aider à mener une vie normale et décente. Ils ont également mis l'accent sur le rôle que jouent les associations dans la promotion de cette catégorie et la diffusion de la culture numérique chez les personnes handicapées, notamment, chez les sourds. Selon plusieurs témoignages, l'intérêt accordé aux déficients auditifs ne cesse de croître depuis 1970 date de création d'une première association d'assistance aux sourds. Et les organisations non gouvernementales qui prennent en charge ces catégories, surtout au niveau de la formation, de réadaptation, de scolarisation et d'intégration socio-culturelle, se sont de plus en plus multipliées. Les associations de protection des sourds ont bénéficié des interventions des programmes présidentiels pour la mise à niveau des centres d'éducations spécialisés, moyennant des investissements de l'ordre de 3,1 millions de dinars, ce qui représente 20% de l'ensemble des fonds consacrés à ces programmes. Par ailleurs, 75 éducateurs de différentes disciplines ont été mis à la disposition de ces associations, en plus de subventions annuelles qu'elles ont obtenues et qui ont atteint 518 mille dinars. Au cours de la dernière conférence nationale sur "la pédagogie numérique au langage des signes, au service des sourds", plusieurs experts dans le domaine ont exhorté d'introduire le langage des signes au sein des programmes de formation des instituteurs et des inspecteurs, de l'enseigner à travers les chaînes de télévision, de lui consacrer des programmes de formation professionnelle qui répondent aux spécificités de la catégorie des sourds et de former les traducteurs dans le langage des signes. Actuellement, le langage des signes en faveur des sourds-muets est introduit au journal régional de la chaîne de télévision Tunis7. Des jeunes chercheurs de l'Université de Tunis ont créé récemment une nouvelle application « un web sign » qui permet de dialoguer et de nouer des contacts avec les sourds-muets, par Internet, grâce à une traduction automatique des textes écrits vers le langage des signes avec la représentation d'un personnage virtuel. D'autres ont élaboré des dictionnaires et des manuels en arabe du langage des signes.