Le Temps-Agences - Le puissant cyclone qui s'est abattu ce week-end sur le delta de l'Irrawaddy, au Myanmar, a fait au moins 22.500 morts et 41.000 disparus, pour la plupart victimes d'une vague géante provoquée par le passage de Nargis, rapportent les autorités. A Yangon, l'ancienne capitale, et ses environs, qui comptent cinq millions d'habitants, le bilan se limite à 671 morts, rapporte la radio nationale. "Davantage de décès ont été provoqués par la vague géante que par le cyclone lui-même", a déclaré le ministre des Secours et de la Réinstallation, Maung Maung Swe, lors d'une conférence de presse à Yangon, où les réserves en eau potable et en nourriture ont déjà atteint un seuil inquiétant. "La vague faisait près de 3,5 mètres de haut et elle a balayé et inondé la moitié des maisons dans les villages situés au-dessous du niveau de la mer", a-t-il expliqué, donnant pour la première fois des informations détaillées sur le cyclone de catégorie 3 qui était accompagné de pointes de vent à 190 km/h. "Les gens n'avaient nulle part où aller." Il s'agit du cyclone le meurtrier en Asie depuis 1991, où 143.000 personnes avaient été tuées au Bangladesh. Le ministre de l'Information, Kyaw Hsan, a déclaré que les militaires au pouvoir faisaient "de leur mieux", mais les observateurs estiment que la junte, qui se targue d'être en mesure de relever n'importe quel défi, subira les retombées politiques de la tragédie. Le ministre des Affaires étrangères Nyan Win a déclaré à la télévision nationale que 10.000 personnes avaient trouvé la mort dans la seule ville de Bogalay, à 90 km au sud-ouest de Yangon. Signe de l'ampleur de la catastrophe, la junte au pouvoir dans l'ancienne Birmanie depuis 46 ans a finalement décidé de reporter au 24 mai le référendum sur une nouvelle constitution dans les secteurs de Yangon et du delta d'Irrawaddy, les plus touchés. Le référendum, fixé au 10 mai, est cependant maintenu dans le reste du pays.
La junte a par ailleurs levé l'état d'urgence dans trois des cinq Etats où il avait été proclamé ainsi que dans une partie des zones les plus touchées, Yangon et le delta de l'Irrawaddy. Le ministre de l'Information a assuré que le pays disposait de réserves de riz suffisantes bien qu'une partie des stocks situés dans le delta ait été abîmée par le passage du cyclone. Selon les Nations unies, le nombre de personnes sans abri se chiffre par centaines de milliers. Même dans les villages du delta les moins affectés par le cyclone, la nourriture et l'eau potable commencent à manquer. "Il n'y a pas grand chose à manger", commente une femme devant un étal de Hlaing Tha Yar, un village à une heure de route de Yangon. Le prix d'un chou est maintenant passé de 250 à 1.000 kyats. Les habitants de Yangon font la file pour obtenir de l'eau en bouteille et l'électricité n'avait toujours pas été rétablie quatre jours après le passage du cyclone.
Hausse des prix Le prix de la nourriture, du fioul et des matériaux de construction est monté en flèche et la plupart des magasins ont vendu leurs dernières bougies et piles électriques. Un oeuf coûte trois fois plus cher que vendredi. L'ampleur de la catastrophe a conduit la junte militaire à accepter une aide extérieure au bout de deux jours, ce qu'elle avait refusé en 2004 après un tsunami dans l'Océan indien. Selon Bernard Delpuech, responsable de l'aide humanitaire européenne à Yangon, la junte a dépêché trois navires transportant des vivres dans la région du delta, principale région productrice de riz du pays. Près de la moitié de la population birmane vit dans les cinq Etats touchés par le passage de Nargis. Un avion de transport militaire thaïlandais transportant neuf tonnes de nourriture et de matériel médical a décollé mardi en direction du Myanmar. L'organisation humanitaire World Vision, basée en Australie, a indiqué avoir obtenu des visas spéciaux pour envoyer du personnel en renfort afin d'aider les 600 membres de l'organisation déjà sur place.