Dans le monde, cent vingt-cinq millions d'émigrés transfèrent annuellement quelque 230 milliards d'euros vers les pays d'origine. Pour les pays du Maghreb, officiellement, ce sont plus de 7 milliards d'euros qui traversent la Méditerranée. Les communautés maghrébines d'Europe sont celles qui transfèrent le plus d'argent vers le pays d'origine, selon des rapports de plusieurs institutions financières européennes. Ces envois sont principalement réalisés via des sociétés de transfert d'argent, par le circuit bancaire classique ou par courrier. Toutefois, le taux de bancarisation des émetteurs demeure faible et ceci s'explique selon plusieurs observateurs par l'absence de transparence des prix et les coûts élevés (jusqu'à 16 % du montant du transfert) pratiqués dans certains pays. Certains émigrés affirment que même si la transaction se fait presque instantanément, en toute simplicité, et une fiabilité quasi assurée, ces coûts élevés font peser une forte charge sur les migrants. Pour les envois informels, hors des systèmes de transferts légaux, selon les pays, ils sont jusqu'à quatre fois supérieurs aux envois officiels. Les communautés s'organisent pour la collecte et l'envoi des fonds par des circuits parallèles, pour éviter de payer les frais de transaction souvent très importants. Cet argent alimente abondamment le marché noir où euros et dollars s'échangent à des prix en dessous des tarifs bancaires.
Deux nouvelles conventions Dans ce cadre, deux conventions de coopération viennent d'être signées à Tunis entre des institutions financières tunisiennes et françaises. Le premier accord, conclu entre le Groupe Caisse d'épargne (GCE) et la Banque tuniso-koweitienne (BTK), vise à promouvoir l'épargne des migrants tunisiens en France, à favoriser sa bancarisation, et partant, à abaisser les coûts des transferts d'argent en Tunisie tout en optimisant leur sécurité. Le second accord, conclu entre l'Institut pour l'éducation financière du public (IEFP) et l'Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (ATBEF), a pour objectif d'échanger expertises et programmes en matière de développement de l'information économique et de promotion de la culture financière. Les parties signataires ont mis l'accent sur l'importance de ces accords qui ne manqueront pas de contribuer, a t-il ajouté, à rendre plus productif les transferts tunisiens et à donner un nouvel élan à la coopération économique et financière entre la Tunisie et la France. Les transferts d'argent des Tunisiens à l'étranger s'élèvent à 2 milliards de dinars par an soit 5% du PIB, 22% de l'épargne nationale et 10% des recettes courantes, occupant ainsi le quatrième rang des secteurs pourvoyeurs de devises. 25% des résidents tunisiens en France sont des clients de le GCE.
Dans quels projets, les transferts sont-ils investis ? Au cours des dernières années, le rythme des transferts enregistre un taux de croissance de 1,4% d'une année à l'autre passant de 1091 MD en 2000, 1783 MD en 2004, 1807 MD en 2005 à environ 1911 millions de dinars en 2006. Les projets déclarés par les Tunisiens résidants à l'étranger, durant la période allant de 2001 à 2005, s'élèvent à 1730 projets, moyennant des investissements de l'ordre de 78 MD, générant 7700 postes d'emploi. Généralement de petite taille, les projets sont répartis entre les secteurs des services (58%), de l'industrie (27,3%) et de l'agriculture (14,5%). Selon plusieurs experts du domaine, pour drainer davantage de transferts en Tunisie, les investisseurs tunisiens à l'étranger sont appelés à consolider davantage le processus de développement, plus par l'apport en devises qu'en marchandises et à créer des centrales d'achats pour l'importation des produits tunisiens et leur commercialisation à l'étranger par le biais de circuits de distribution gérés par des Tunisiens. Quant à nos compatriotes, ils plaident pour la diffusion davantage des informations concernant les incitations dont bénéficient les membres de la communauté tunisienne à l'étranger et les modalités de cotisation au régime de sécurité sociale à l'étranger, la création d'un réseau unifié et d'une banque de données sur les compétences tunisiennes à l'étranger, à l'effet de faciliter les contacts entre ces compétences et les entreprises tunisiennes, outre la facilitation et la simplification des procédures et la fourniture du soutien nécessaire en cas d'intention de lancer un projet en Tunisie. Lors du Conseil ministériel, tenu le 27 juillet 2006, il a été décidé d'assouplir les mesures administratives en faveur des investisseurs tunisiens résidant à l'étranger et consolider leur encadrement lors du lancement de leurs projets en Tunisie.