La Bibliothèque Nationale de Tunis a abrité un colloque international intitulé : « Territoires et identités au Maghreb et en Europe » auquel ont participé des universitaires et des experts internationaux venant d'Europe, du Maghreb, du Liban et même des Etats-Unis d'Amérique. L'organisation de ce colloque a été l'œuvre de l'unité de recherche « Etat, culture et société » de la faculté de Droit et des Sciences politiques de Tunis « FDSPT » en collaboration avec l'Institut Supérieur des Sciences humaines de Tunis et avec le soutien de la Fondation allemande Hanns Seidel. Dans son allocution d'ouverture, le professeur Lotfi Méchichi, le chef du département des sciences politiques de la FDSPT a expliqué que les travaux de ce colloque visent à comprendre les logiques de territorialisation et d'identification à l'œuvre dans les sociétés du Maghreb et de l'Europe ainsi que les interactions géographiques, économiques, politiques et culturelles entre ces deux zones de la Méditerranée. Le délégué régional de la Fondation Hanns Seidel, le Dr Jürgen Theres a présenté le colloque en ces termes : « L'espace-temps du monde a subi un effet de compression.... Les identités ne structurent plus de la même manière...L'Etat-nation n'a plus la même prise... Bref, le monde a beaucoup changé en raison de l'intensité des échanges et des communications... Face à la globalisation et au brouillage des repères et des cadres de référence traditionnels, nous assistons également à une vague de replis traditionnels et identitaires : montée des xénophobies, regain des particularismes ethniques, éclosion des nationalismes, effervescence des fondamentalismes religieux et extension des violences...N'est-ce pas un paradoxe que ce siècle soit aussi et à la fois le théâtre d'un rapprochement entre les différents pays ainsi que celui du durcissement des appartenances identitaires. » Les différents participants ont rendu hommage au professeur Augustin Berque qui n'a pas pu, pour des raisons de santé, se déplacer à Tunis et lire lui-même sa conférence inaugurale. Laquelle conférence intitulée « territoire et personne : l'identité humaine » a été toutefois lue au public qui a souhaité prompt rétablissement au professeur Berque. C'est dans ce contexte global que ce colloque s'est tenu et a réuni une trentaine de contributions d'anthropologues, archéologues, historiens, sociologues, géographes, juristes et, même, des philosophes. Ces divers exposés ont permis de croiser les regards sur des thématiques aussi épineuses que l'identité et la démocratie, le territoire et l'identité, le nouvel esprit de pluralité urbaine, l'influence de l'identité territoriale sur les politiques publiques, les territoires du religieux dans une banlieue française, etc.. Les approches maghrébine, européenne et moyen-orientale paraissent complémentaires pour constater que s'il est opportun de savoir que l'invention et la réinvention des identités et des territoires ont débouché sur la transformation des espaces privés et publics en modelant dans la foulée les formes d'intimité, de sentiments, d'émotions, de la présentation de soi et de son paraître en société. La tolérance a été la règle d'or prêchée par tous pour lutter contre la montée des intolérances.