Le rôle du médecin généraliste, notamment dans le secteur privé, a connu au cours de ces dernières années une certaine dégradation. Beaucoup de patients préfèrent consulter directement un spécialiste plutôt que de passer par le généraliste, qui va lui-même les orienter vers le spécialiste. Ils considèrent que c'est une perte de temps et d'argent inutile surtout quand ils connaissent la cause de leur maladie. Par exemple, un patient qui a mal à l'oreille, préfèrerait aller directement voir un ORL, un patient qui ressent des troubles psychiques, ira voir un psychiatre. Dans les zones rurales, les patients se dirigent en premier lieu vers les pharmaciens et en second lieu vers les dispensaires. Par ailleurs, dans les structures publiques de santé, le médecin généraliste a toujours eu un rôle central. C'est un passage obligé. C'est lui qui fait le premier diagnostic et oriente le patient vers le spécialiste en cas de besoin. Avec l'entrée en vigueur de la réforme de l'assurance maladie, on s'attend à ce que les médecins généralistes retrouvent leur place de médecins de première ligne spécialement dans le secteur privé car la relation entre le médecin généraliste et le médecin spécialiste est une relation de continuité et de complémentarité. Cette réforme vise à rendre le système de santé plus performant en allégeant le secteur public qui souffre de saturation. En recevant moins de patients, le secteur public pourra améliorer efficacement ses prestations. Les malades seront accueillis dans un cadre plus agréable et auront plus de temps pour communiquer avec leurs médecins traitants. C'est le ticket modérateur, dans le cadre de la filière des soins privée, qui permettra au secteur public de reprendre son souffle. Grâce au ticket modérateur, le patient ne paiera qu'une somme symbolique et sera également accueilli dans un cadre agréable.
Suivre les nouveautés thérapeutiques En attendant que la réforme prouve son efficacité, les médecins généralistes doivent être up to date et suivre toutes les nouveautés thérapeutiques dans les différents domaines de santé pour convaincre leurs patients de leur rôle important dans le système de santé. C'est dans ce cadre, que le 2ème congrès national de médecine générale se tient actuellement à Tunis. Neuropsychiatrie, infectiologie, pédiatrie, diabétologie, cardiologie et gastroentérologie sont les principaux thèmes de cette manifestation scientifique qui réunit un grand nombre de médecins généralistes de toute la Tunisie. Présentant cette manifestation scientifique organisée par la Société des médecins généralistes de Tunisie, Dr. Saïda Hajji Zarrouk, présidente de la SMGT souligne : « au cours de ce congrès, nous avons essayé de mettre l'accent sur le côté pratique et les nouveautés thérapeutiques. Cette manifestation qui s'adresse à tous les médecins est une occasion de rencontre et d'échanges d'expériences. Elle se déroule tous les deux ans avec le soutien et la participation des différents secteurs de la santé et du milieu universitaire ». Dr. Zarrouk ajoute que dans le cadre de la réforme universitaire actuelle, le médecin généraliste est appelé à jouer un rôle central dans le système de santé. « La réforme médicale de la formation vise à mettre en place une formation spécifique aux médecins de première ligne ou médecins de famille. Le rôle de notre association, dans ce contexte, est de participer à la mise en valeur de la médecine générale par la réforme de la formation continue et la multiplication des manifestations scientifiques destinées aux médecins de famille », affirme Dr. Zarrouk.
Renforcer le rôle des médecins de famille Dr. Faouzi Ben Hamza, médecin généraliste pense que la réforme de l'assurance maladie devrait renforcer le rôle des médecins de famille dans le système de santé : « Si 75% des affiliés ont été affectés à la filière publique de santé, c'est qu'ils n'ont pas encore assimilé les avantages de la filière privée. Celle-ci leur permet de dépenser moins d'argent tout en ayant de meilleures prestations. Les patients ne paient que le ticket modérateur et ils bénéficient du secteur privé. Toutefois, l'adhésion à cette filière de soin ne leur permet pas de faire des consultations dans le secteur public et la plupart des gens veulent profiter des deux systèmes de santé le public et le privé. La troisième filière, celle du remboursement, réunit les deux systèmes mais dans ce cas, le patient doit payer toute la facture à la base et il sera remboursé par la suite. Cette formule ne convient pas aux familles au revenu faible ou moyen. C'est pour cette raison, à mon avis, qu'il faudra combiner les deux filières de soins celle du privé et celle du remboursement pour trouver une autre filière qui correspond aux attentes des affiliés, des médecins et de la CNAM. Il faut que tout le monde trouve son compte. Néanmoins, c'est vrai que la réforme est encore à ses débuts et on ne pourra émettre un jugement qu'après une certaine période de mise en application » Dr. Mohamed Hechmi Besbes, médecin major de la Santé publique souligne que le médecin généraliste est hautement qualifié, particulièrement apte à résoudre les problèmes sanitaires de la société de son temps au sein de laquelle il dispense des soins individuels, pratique la médecine communautaire et participe au progrès sanitaire. Dr. Besbes ajoute que la relation entre le médecin généraliste et le médecin spécialiste est une relation de continuité et de complémentarité des soins intra épisodiques et extra épisodiques de la ligne de vie des usagers du système des soins. Par ailleurs et dans le cadre de la réforme de l'assurance maladie, Dr. Besbes indique que le médecin généraliste doit s'outiller et s'organiser pour profiter de ses compétences cliniques pour le bien des affiliés.