Le Temps-Agences - L'Asean va prendre la tête d'efforts déployés par la communauté internationale pour venir en aide aux victimes du cyclone Nargis en Birmanie, mais la junte militaire au pouvoir n'accordera pas pour autant un accès illimité aux humanitaires occidentaux dans les régions sinistrées. "Nous allons créer un mécanisme de manière à faciliter l'entrée sur le territoire birman de l'assistance venue du monde entier", a expliqué le chef de la diplomatie singapourienne, George Yeo, à l'issue d'un conseil ministériel des dix pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean). La réunion de Singapour visait à encourager les généraux birmans à ouvrir en grand leurs frontières pour venir au secours des quelque 2,4 millions de sinistrés. Le passage de Nargis le 2 mai s'est soldé par 134.000 morts ou disparus dans ce pays verrouillé par une junte militaire repliée sur elle-même et qui craint jusqu'à l'obsession d'être contaminée par la moindre influence étrangère. Dans le communiqué de clôture, les participants à la réunion de l'Asean précisent que le mécanisme projeté sera mis au point dans ses détails avec les Nations unies. Une conférence internationale visant à réunir des fonds pour les victimes de Nargis se réunira le 25 mai dans l'ancienne capitale birmane, Rangoun. Selon l'Asean, les autorités birmanes ont accepté d'accueillir une trentaine d'humanitaires issus de chacun des dix pays membres du bloc. Pour les humanitaires de pays n'appartenant pas à l'Asean, l'octroi de visas se fera en revanche au cas par cas. Plusieurs équipes médicales de pays de l'Asean ou d'autres nations asiatiques sont déjà à pied d'oeuvre dans le pays. "Nous devons étudier les besoins précis, il n'y aura pas d'accès illimité", a insisté le ministre singapourien à l'issue d'un entretien avec son homologue birman, Nyan Win.
"Sortir de sa tanière"
Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, qui s'est publiquement ému des retards pris dans la distribution de l'aide étrangère aux victimes, est attendu demain soir en Birmanie, où il se rendra dans le delta de l'Irrawaddy, la zone la plus touchée par le cyclone. Le diplomate sud-coréen espère aussi pouvoir rencontrer en tête à tête l'insaisissable chef de la junte, le général Than Shwe, qui a refusé jusqu'à présent de le prendre au téléphone. L'adjoint de Ban chargé des questions humanitaires, John Holmes, s'est quant à lui rendu hier en tournée d'inspection dans l'Irrawaddy et devrait rencontrer aujourd'hui le Premier ministre birman, Thein Sein, à qui il pourrait remettre un message du secrétaire général à la junte. L'Onu projette une conférence de donateurs à Bangkok pour lever des fonds pour la Birmanie qui, à Singapour, a évalué dix milliards de dollars les dégâts commis par Nargis. Le général Than Shwe est apparu dimanche pour la première fois à la télévision publique lors d'une réunion à Rangoun de ministres participant aux opérations de secours et d'une tournée d'inspection sur le terrain. "Il n'est pas indifférent que le chef de la junte ait été contraint de sortir de sa tanière", commente un diplomate en poste à Rangoun. "A l'évidence, certains au sein de l'armée se rendent compte de la gravité de la situation et du risque énorme de dérapage sans aide supplémentaire." Hier, la télévision publique a annoncé qu'une période de deuil national de trois jours débuterait mardi en hommage aux victimes du typhon.