Constituant l'un des potentiels les plus importants en matière de croissance et de développement économique et social, notamment à l'étape actuelle, les femmes chefs d'entreprises en Tunisie rencontrent, encore, des problèmes et relèvent des défis de toutes sortes, d'après une étude présentée, hier, au cours d'un séminaire tenu, à cet effet, au club Elyssa, à Sidi Bou Saîd, à l'initiative de la Chambre nationale des femmes chefs d'entreprises (CNFCE). Il s'agit d'un rapport de synthèse rassemblant les conclusions d'une enquête conduite en 2006 sous l'égide de la Société financière internationale (SFI) relevant de la Banque mondiale, et du Centre arabe pour la formation et la recherche CAWTAR, sur les femmes chefs d'entreprises dans cinq pays arabes dont la Tunisie. Les autres pays arabes sont le Bahrein, l'Etat des Emirats Arabes Unis, la Jordanie et le Liban. Elle a été assurée en Tunisie par la CNFCE avec le concours de l'Institut Supérieur de Gestion.
Marge de progression Aussi, l'un des mérites de cette étude est qu'elle permet de comparer la situation des femmes chefs d'entreprises dans cinq pays arabes, considérés comme un échantillon représentatif du monde arabe. Le texte intégral du rapport peut être consulté dans les sites WEB des Organismes ayant pris part à son élaboration, notamment celui de CAWTAR, en l'occurrence ''www.cawtar.org''. Une élite de hauts responsables féminins et de femmes cadres et chefs d'entreprises assistait à la réunion qui a été, officiellement, ouverte par la ministre des Affaires de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées, Mme Sarra Kanoun Jarraya, entourée de la présidente de la CNFCE , Mme Faouzia Slama, de la présidente du Centre CAWTAR, Mme Soukeina Bouraoui, et de la représentante de la société SFI, Mme Carmen Niethammer. Une présence significative, à vrai dire, car, pratiquement, toutes les femmes ayant pris la parole, ont dit fonder de grands espoirs sur ce séminaire et sur cette étude pour impulser le rôle économique de la femme en Tunisie à travers la mise en place de mesures incitatives spécifiques au profit des créatrices de projets. Dans son intervention, Mme Sarra Kanoun Jarraya, ministre des affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées, a plaidé pour un soutien plus actif à l'initiative féminine privée afin de permettre aux femmes tunisiennes chefs d'entreprises d'accroître leur participation à la réalisation des objectifs économiques du 11ème plan de développement économique et social 2007 // 2011 qui mise principalement sur le secteur privé en matière d'investissements et de création d'emplois. En effet, d'après l'enquête, les femmes chefs d'entreprises en Tunisie, au nombre de 18 mille, viennent en tête de leurs homologues des pays arabes signalés, en ce qui concerne la recherche de financement pour leurs entreprises, et le recours aux crédits bancaires en vue de créer ou d'agrandir leurs projets. 47% des femmes chefs d'entreprises tunisiennes interrogées ont dit avoir eu recours aux crédits bancaires, contre 17% au Liban et 32% aux EAU. Or, 55% des femmes chefs d'entreprises tunisiennes interrogées ont déclaré rencontrer des obstacles pour l'accès aux sources de financement, liés en particulier aux taux prohibitifs des intérêts.
L'accès à l'Internet est jugé coûteux Au même moment, la majorité des femmes interrogées ne tirent pas profit des programmes du gouvernement pour promouvoir les exportations et la création des entreprises. Le secteur des femmes chefs d'entreprises accuse, également, des retards et des difficultés au niveau de l'utilisation de l'Internet et des nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC). L'accès à l'Internet est jugé coûteux, de sorte que 82% des femmes interrogées n'ont pas de sites WEB. Cette situation influe sur la compétitivité des projets économiques féminins, dans un contexte économique national et international basé sur l'économie du marché, la concurrence et le savoir. L'une des recommandations a été, donc, de faciliter l'accès des femmes chefs d'entreprises aux sources de financement, au moyen de lignes de crédits et de formules spécifiques aux entreprises de petite taille. L'accent a été mis, aussi, sur l'importance de la formation et de la facilitation de l'accès aux NTIC, de manière à ouvrir devant les femmes de plus vastes opportunités dans le domaine des projets porteurs et innovants, à la mesure de la place occupée par les filles tunisiennes dans l'enseignement supérieur où elles représentent 59% des effectifs étudiants.