Le Temps-Agences - Nicolas Sarkozy entame aujourd'hui une visite en Israël et en territoire palestinien calibrée pour éviter tout dérapage, à trois semaines du sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée (UPM) et à quelques jours du début de la présidence française de l'Union européenne. "Quand on va en Terre sainte, on est dans le passionnel, quel que soit l'endroit où on met le pied", souligne l'entourage du président français. "C'est un voyage très sensible, qui va être regardé à la loupe en Israël, par les Palestiniens et dans le monde arabe", renchérit une source diplomatique française. Nicolas Sarkozy sera demain le premier président français à parler à la Knesset depuis François Mitterrand, dont la défense du droit des Palestiniens à un Etat à côté d'Israël, le 4 mars 1982, avait été fraîchement accueillie par des Israéliens qui n'étaient pas encore prêts à entendre ce discours. Il devrait réaffirmer qu'Israël peut compter sur la France si sa survie et sa sécurité sont menacées mais qu'une paix durable dans la région passe également par des "sacrifices douloureux" et la création d'un Etat Palestinien. Il plaidera de nouveau pour un gel total des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens et pour un allègement des contraintes qui entravent la circulation des personnes et des biens en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. "Il faut créer un choc de confiance auprès de la population palestinienne", explique-t-il dans une interview publiée vendredi par les quotidiens israéliens Maariv et Yedioth. Les Israéliens sont aujourd'hui mieux disposés à entendre ce discours, estime dans la même interview le président français, qui a multiplié les déclarations d'amitié pour Israël avant et depuis son arrivée à l'Elysée, en mai 2007. Nicolas Sarkozy a néanmoins fait en sorte de limiter les risques d'incident susceptible de ternir les efforts de la France pour renforcer son influence dans la région. Ou de polluer le sommet de l'UPM, où sont conviés, le 13 juillet à Paris, les chefs d'Etat des pays arabes riverains de la Mer Méditerranée et le Premier ministre israélien Ehud Olmert. Ainsi, il n'ira pas dans la vieille ville arabe d'Al Qods-Est où son prédécesseur, Jacques Chirac, était allé en octobre 1986 malgré les réticences des autorités israéliennes. Officiellement, Nicolas Sarkozy limitera son incursion à Al Qods-Est à une rencontre avec une douzaine de personnalités palestiniennes de la société civile, des milieux économiques et religieux au Consulat général de France. Il a renoncé à aller au bord de la Mer morte avec son épouse Carla et le président Shimon Pérès, qui voulait lui présenter son projet de canal entre la Mer rouge et ce lac salé en voie d'assèchement, en coopération avec la Jordanie. Le président français n'ira pas non plus sur l'esplanade des Mosquées, à Al Qods où il enverra la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie. Le seul site religieux qu'il visitera sera la Basilique de la Nativité, lieu moins sensible, à Beït Lahm. Nicolas Sarkozy ne restera que quelques heures, mardi, en territoire palestinien, où il entend, selon l'Elysée, "conforter le président de l'Autorité palestinienne, à un moment où il se trouve dans une phase relativement délicate" du fait, notamment, de la panne actuelle du processus de paix d'Annapolis. Il ne rencontrera cependant pas Mahmoud Abbas à Ramallah, siège de l'Autorité palestienne, mais à Beït Lahm, où il signera un accord créant une zone industrielle franco-palestinienne.