Contre toute attente, le 29/6/2008 fut pour moi l'occasion de constater, avec beaucoup de regret, le hiatus qui sépare le slogan de mise à niveau de la SNCFT et la cascade de négligence aggravée de laxisme. Seule mise à niveau réussie est le réajustement du prix du billet. C'est également le 29/6/08 que je fis le voyage Tunis - Gabès le plus cauchemardesque, dont personne ne puisse imaginer. Parmi les événements les plus caractéristiques de ce qu'il en est un, que j'aurais gardé de passer sous silence : le mépris du voyageur. Voilà de quoi il s'agit : Ce jour-là, je suis arrivé à la gare de Tunis vers 15h. J'étais interloqué par la présence du train garé au quai N°6. D'habitude, il ne quitte le dépôt de manutention et de contrôle que vers 16h10. J'étais étonné par l'agitation d'une foule, personnel de la SNCFT qui assiste au tournage d'un film dirigé par une équipe italienne. Ceci explique cela, car les passagers ont pu regagner le wagon dès 15h d'autant plus que la barrière d'accès au quai était largement ouverte. Vers 16h20, l'hôtesse d'accueil du train express, informe les passagers du départ imminent du train et invite les accompagnateurs à quitter les wagons. A 16h30, le train ne s'ébranle pas. Nouvelle agitation à l'avant du train, et inquiétude grandissante des passagers. Et, ce n'est que vers 17h15 qu'une voix masculine annonce un retard indéterminé pour cause d'une panne dans le système de climatisation. Plusieurs questions s'imposent. L'ordre de départ ne peut émaner que des responsables et du machiniste. Ce qui veut dire que : à 16h20, tout était OK comme l'atteste l'annonce de l'Hôtesse. Comment on a pu découvrir la panne alors que le train hors dépôt stationnait depuis 1h30 ? Négligence ou aléas de la mécanique ? Aucune réponse. Vers 17h20, donc, après presque une heure de retard, le train quitte la gare, avec une climatisation défectueuse. Le wagon s'est transformé en sauna, puisque toutes les issues sont condamnées. Pis, une voie d'eau s'est produite de la bouche d'aération du climatiseur transformant le wagon en une véritable mare. Les passagers suffoquaient, des enfants cyanosés trouvent le moyen de patauger dans l'eau glauque au grand désespoir des parents. Une femme apparemment claustrophobe s'accroche à son portable demandant un secours impossible. Ce jour-là, l'express s'est transformé en omnibus, manquant deux arrêts pour laisser passer les trains des voyageurs à Hammam-Lif et à Karkar. Mais le comble du mépris, c'est l'arrêt du train à M'saken pour privilégier en train de marchandise ! ! J'avais pour compagnons de voyage un universitaire ayant passé douze ans au Canada, et qui enseigne à Tunis, et un ingénieur de formation américaine exerçant dans l'industrie pétrolière au Qatar. Je n'ai pas trouvé les moyens et les termes pour expliquer cette cascade de contretemps, et ce n'est sûrement pas la vétusté des équipements qui va me sauver la face. Mes compagnons, parlaient de la hausse des prix du pétrole, et moi je parle de l'effort consenti pour la mise à niveau du secteur du transport. Mais malheureusement pour toute mise à niveau la SNCFT n'a réussi qu'à ajuster le prix du billet. Pour un parcours de 5h2, admirer la précision ! nous sommes arrivés à destination à 22h32 dans un piteux état. Dans toutes les gares de la Tunisie, un agent occupe la fonction de responsable avec la clientèle. Toutes ; non, car la gare de Gabès est exemptée. Et personne n'est là pour écouter nos doléances. Heureusement, le chef de gare, compréhensif et humain, a essayé de nous consoler en nous présentant un registre de réclamation. En conclusion, quel est le droit du voyageur ? Quelle est la responsabilité de la SNCFT. Sachant que chaque minute de retard causée par un tiers est facturée gravement. Je comprends les aléas et les accidents du trafic ferroviaire mais je ne trouve aucune explication à la négligence et au laxisme.