C'est la période de fin d'année scolaire. Une période où se mêlent joie et déception. Certains ont réussi leur passage, d'autres l'ont raté. Assez souvent, ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes : peu pour les études, mauvaise gestion de temps, méthode de révision non appropriée, ou encore excès d'anxiété et de stress. Mais, élèves et étudiants ne sont pas toujours les seuls responsables des échecs scolaires. Hormis des raisons indépendantes de la scolarité, le système éducatif a lui aussi sa part de responsabilité. Nul ne l'ignore : notre système éducatif est loin d'être parfait. Des changements multiples ont été opérés depuis plusieurs années, désorientant professeurs et élèves du fait des nouvelles méthodes pédagogiques et de nouveaux programmes d'enseignement. Certes, un changement est salutaire lorsqu'il s'agit d'apporter un brin de modernité et de progression susceptibles d'améliorer le niveau général scolaire. Toutefois, les « révisions » se succèdent, cela débouche souvent sur des complexités et surtout sur une adaptation difficile et pénible. Bon nombre d'élèves se trouvent alors dans une situation de déséquilibre total et se retrouvent dans un état d'effervescence absolue. Sur un autre plan et loin des opérations effectuées sur la structure du système éducatif, l'administration ne stabilise pas le système. Loin de là. Aujourd'hui, tout est informatisé, tout est intégré dans le système. Aucune information ne peut être perdue ni égarée ou encore mal enregistrée. Mais l'administration adopte encore des pratiques qui induisent à « l'erreur administrative». En guise d'illustration, nous donnons un simple exemple réel: un étudiant s'apprêtant à passer un examen, découvre que son nom ne figure pas sur la liste de présence. Le service de scolarité intervient en apportant la mesure correctrice nécessaire. Cependant, à la délibération des résultats, l'étudiant découvre qu'il n'a obtenu aucune note dans la matière en question. Il s'agit là d'une erreur administrative, une erreur qui aurait pu facilement être évitée puisque le jour de l'examen le problème s'est exposé. Le service scolaire aurait donc dû vérifier scrupuleusement que l'incident provoqué n'aurait pas de conséquence fâcheuse. Une note lourde payée par l'étudiant et cet exemple n'est qu'une goutte dans un océan.
Erreurs administratives Malencontreusement, cette erreur s'est produite dans l'une des écoles les plus réputées du pays, à savoir l'Ecole Supérieure de Commerce de Tunis. Ces institutions ne souffrent pas uniquement des erreurs administratives mais aussi de problèmes pédagogiques et de contenu. Comment concevoir que le programme des étudiants en commerce international en dernière année ne comporte pas une seule matière qui porte sur le commerce international. C'est un non-sens, bien que le programme contienne des matières à grand intérêt tels que « droits de l'homme », « grands problèmes politiques et économiques » ou encore « nouvelles techniques de l'information et de la communication ». Et de surcroît les étudiants censés réaliser un mémoire de fin d'études n'y accordent pas l'importance requise. La raison est toute simple : le mémoire n'est pas noté. De ce fait, et à partir du moment où il n'y a pas de note susceptible de pénaliser les étudiants, la matière perd toute son importance. En revanche, au sein d'un autre établissement, public aussi : l'Institut Supérieur des Etudes Technologiques, le mémoire de fin d'études occupe une grande part dans les préoccupations des étudiants. La note attribuée est comptabilisée dans le calcul de la moyenne générale avec un coefficient de l'ordre de 5. Les sujets des mémoires sont choisis de façon plus sérieuse et plus réfléchie de sorte que les étudiants se trouvent profondément impliqués. Mieux encore : certains ayant réussi remarquablement leur projet de fin d'études finissent par le concrétiser, une fois le diplôme obtenu.
Le système de la carotte et du bâton Appâter l'étudiant par la note, le stimuler à travailler pour l'obtention de la note demeure un système des plus incohérents qui soient. Pourquoi alors tant d'asymétrie. Est-il si difficile d'instaurer un système approprié, homogène et commode pour toutes les parties prenantes ?. Faut-il attendre encore longtemps avant d'évaluer l'étudiant autrement qu'à partir d'une simple note basée dans bien des cas sur des jugements mal fondés ?. Combien de diplômés se sont retrouvés avec un papier en carton mentionnant leur niveau scolaire théorique en discordance avec leur niveau réel. En ce sens qu'au passage à la vie professionnelle, les connaissances théoriques s'avèrent justement trop théoriques. Les méthodes d'enseignement sont pour beaucoup dans cette configuration. Des méthodes qui n'ont pas vraiment évolué depuis un nombre d'années, et qui induisent à la création d'une passivité chez les étudiants. Ces derniers deviennent des partisans du moindre effort en ne daignant en faire aucun pour l'élaboration de leurs cours. Et de surcroît, pas le moindre suivi effectué au fur et à mesure de l'avancement du programme d'études. Et la liste des dysfonctionnements dans le système éducatif est longue. Force est de constater que les autorités concernées sont les seules capables d'opérer les mutations nécessaires et des changements fondamentaux. Il est essentiel de poursuivre des objectifs de qualité de formation et non seulement des objectifs de quantité de diplômes obtenus. Mettre en place le dispositif de fonctionnement qui permette la réalisation de ces objectifs est impératif et représente même une priorité absolue.