Les camelots tunisois ont une imagination bien fertile. C'est vrai qu'ils doivent solliciter leurs méninges pour " dribbler " les agents municipaux. C'est vrai aussi qu'ils parviennent, à la force du jarret, à prendre la poudre d'escampette pour éviter les saisies de leurs stocks exposés à même le sol. La scène se passe en plein centre-ville dans une rue commerçante réputée pour ses commerces de confection à prix populaire. Bien entendu, les marchands à la sauvette squattent les trottoirs de cette artère avec des fringues qu'ils proposent à très bas prix. Mais là où réside l'innovation, c'est lorsqu'on se rend compte qu'ils ont dégoté le plus improbable des cabinets d'essayage. A tout client qui désirerait essayer la marchandise exposée, ils offrent une solution digne d'un film égyptien. En effet, dans un immeuble des alentours, un ascenseur hors d'usage a été recyclé en cabinet d'essayage. Bloqué au rez-de-chaussée, le défunt ascenseur retrouve ainsi un semblant de vie avec le défilé des mioches et de leurs parents qui, derrière un rideau de fortune, s'installent pour vérifier la taille des habits à la fois neufs et d'occasion. En partie désaffecté et appartenant à une entreprise, l'immeuble en a probablement vu des vertes et des pas mûres. Mais, il faut reconnaître que le coup de la seconde vie de l'ascenseur n'entrait pas dans les plans. Soit dit en passant, les marchands à la sauvette ont aussi détourné-en partie- la destination de certains abribus. Ils s'en servent désormais pour entreposer leur marchandise en la déposant sur la toiture de ces édifices. Donc, si vous voyez des cartons sur un abribus ou un ascenseur qui change de vocation, ce n'est rien de grave : seulement des camelots qui font preuve d'inventivité !