Tunis-Le Temps : Elle offrait de mettre en pratique ses dons naturels à qui voulait en profiter et même s'enrichir. Cette jeune dame connaissait en effet tous les coins et recoins de cette ville Balnéaire et touristique du Cap Bon, et savait dans quels endroits étaient cachés des trésors. Aussi avait-elle informé la bonne-dame qui eut recours à ses dons de voyante, qu'un trésor était caché dans sa ferme et qu'elle avait la possibilité de l'extraire, moyennant quelques ingrédients destinés à faire marcher le " shlimblick ". La propriétaire de la ferme lui donna une somme d'argent assez conséquente à cet effet. Mais la voyante ne donna plus signe de vie depuis. Convaincue qu'elle fut l'objet d'une imposture, la victime porta plainte contre elle. Une enquête ordonnée par le procureur de la République permit aux agents de la brigade criminelle de découvrir que le domicile où elle se trouvait, n'était qu'un nid de débauche. Au cours d'une descente surprise des agents enquêteurs dans les lieux, ces derniers ont constaté la présence de filles de joie engagées par la voyante. Les hommes qui s'y trouvaient également confirmèrent qu'ils étaient là à l'effet de passer quelques moments agréables et que la voyante s'occupait de faire les présentations et de percevoir l'argent en contrepartie. Arrêtés, la voyante ainsi que les deux autres femmes, ont été inculpées de prostitution clandestine et complicité ainsi que la fourniture d'un local à cet effet, outre le délit d'escroquerie pour lequel la voyante était initialement poursuivie. Mais comme un délit peut en cacher un autre, la pauvre voyante se retrouva poursuivie pour d'autres délits encore plus graves que l'escroquerie. Devant le tribunal les deux femmes déclarèrent qu'elles ignoraient le fait que la voyante percevait de l'argent et qu'elles étaient chez cette dernière pour passer une soirée entre amis. Leur avocat plaida l'absence de l'élément moral, affirmant que ces deux femmes n'étaient pas des habituées et étaient venues pour passer une soirée dans le but de se divertir sans plus. Quant à la voyante, elle déclara qu'elle n'avait pas perçu d'argent en contrepartie de la séance de voyance qu'elle proposa à la victime, celle-ci étant une amie à elle Son avocat la soutenant plaida l'absence de preuves d'usage de manœuvres frauduleuses par sa cliente qui avait agi de bonne foi et sans exiger préalablement de contrepartie, ni promettre quoi que ce soit à la victime. Le tribunal suivra-t-il la thèse de la défense ?